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exceptionnelle. Il semble que quelqu’un qui n’est pas encore réconcilié avec l’imprimerie, et qui maudit l’invention de Gutenberg, soit passé par là. Les échantillons du commerce, sous le nom desquels se faisait un petit commerce utile à tout le monde, ont été tellement surchargés qu’on a pris l’habitude de n’en plus expédier par la poste.

Déjà avant la guerre on avait lieu de dire que le tarif de la poste, pour la correspondance, était excessif. Il dépassait celui de l’Angleterre, des États-Unis, de l’Allemagne, où l’on paie 10 centimes, 15 cent., 12 cent. 1/2 pour une lettre de 14 à 15 grammes, et dans le cas des deux derniers pays pour un parcours plus long. Ce fut donc une mauvaise idée d’élever le port de lettre en 1871. On nuisait aux affaires, et en retour on n’avait pas la satisfaction d’un accroissement important de recette. Sur la plupart des autres articles, on n’a obtenu qu’une diminution de revenu au lieu de l’augmentation annoncée, et il a fallu en 1873 revenir sur quelques-unes des aggravations.

A peu de chose près, tout ce qui a été fait au sujet des postes depuis la paix est regrettable. C’est juste au rebours de ce qu’il aurait fallu. Plusieurs des taxes sur les lettres destinées à l’étranger étaient déjà exagérées, celles qui vont dans le Levant par exemple; on aurait dû les abaisser dans l’intérêt du commerce, on les a élevées. La France devait plus que jamais s’efforcer de donner du développement à ses exportations; pour cela, il était nécessaire que l’échange de la correspondance avec l’étranger devînt très économique, qu’il en fût de même de l’échange des prospectus, des circulaires, des prix-courans, des journaux en général, puisqu’ils contiennent des nouvelles commerciales, des échantillons, des articles d’argent. On a fermé les yeux afin de ne pas apercevoir cette convenance, et on a eu lieu de s’en repentir.

On a été amené par la force des choses à admettre la circulation des cartes postales. M. Wolowski avait fait à la tribune un exposé si complet et si concluant des services qu’elles pouvaient rendre, de l’innocuité des cartes relativement aux recettes provenant des lettres proprement dites, qu’il parut impossible de ne pas accueillir cette innovation, couronnée d’un si beau succès ailleurs; mais on s’est arrangé de manière à paralyser la circulation des cartes postales, on les a taxées à 10 centimes dans la circonscription d’un bureau, à 15 centimes au-delà. Elles ne pouvaient devenir d’un usage fréquent que si les prix respectifs étaient de 5 et de 10 centimes.

À ce sujet, qu’il nous soit permis de dire que l’administration des postes laisse beaucoup à désirer. Le service est mauvais même à Paris. Ce n’est pas que les hauts fonctionnaires placés à la tête