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Comment chargeait-on l’animal ? On avait trouvé impraticable de se servir de chèvres ; il était difficile de maintenir l’animal tranquille sous le brusque poids de la charge, et en outre la nature du sol permettait rarement d’enfoncer solidement les piquets. On opéra donc de la façon suivante. Pour le chargement d’un canon, on se servait d’une rampe (skid), — pour le chargement d’un affût, de deux rampes, dont une extrémité reposait sur le sol et l’autre sur le berceau, l’éléphant étant naturellement couché. L’obturateur enlevé, on insérait des anspects dans l’âme de la pièce à la culasse et à la bouche, et huit hommes hissaient le canon le long de la poutre pour l’installer dans son berceau. Pour faciliter l’ascension du canon, on l’attachait par une corde à l’endroit des tourillons. Cette corde passait par-dessus l’animal et était manœuvrée de l’autre côté par trois ou quatre hommes. De cette manière le canon était maintenu, et les hommes qui le hissaient acquéraient ainsi une nouvelle force.

L’affût étant plus lourd, il fallait douze hommes pour l’enlever. Les arrangemens étaient les mêmes qu’avec le canon, à cela près qu’il fallait deux rampes, le long desquelles on faisait glisser le poids jusqu’en haut. L’avant-train était enlevé à force de bras, sans qu’on eût besoin de rampe, et placé dans son berceau; on mettait par-dessus une roue que l’on attachait avec des cordes. Les caissons étaient portés suspendus aux flancs de l’animal avec une roue attachée au sommet du bât. Pour ceux qui portaient trois roues, deux étaient portées suspendues et la troisième sur le dos de l’animal. Le temps occupé à charger l’animal était peu de chose : il fallait plus de temps pour l’équiper avec son bât et son berceau. Cela fait, charger le canon et l’affût prenait deux ou trois minutes : les autres parties du matériel demandaient plus de temps parce qu’il fallait les attacher avec des cordes.

Le poids des mortiers était approximativement le suivant : mortier de 8 pouces, 924 liv.; flasques en fer pour le tir, 840 liv. Les flasques en bois pour le transport pesaient 168 liv., le berceau 252 liv., le bât 500 liv. Les éléphans chargés des mortiers portaient donc un poids total de 1,844 livres, et ceux qui étaient chargés des flasques en fer un poids total de 1,760 livres. — Le poids des rampes, des boîtes d’instrumens, des anspects, etc., n’était pas connu, mais tout cela formait une bonne charge pour un éléphant. La poudre était portée sur un autre éléphant, et les bombes suivaient à dos de mulet (4 par mulet).

Le chargement était effectué à peu près de la même façon pour les mortiers que pour les canons, à cela près qu’on employait deux rampes et que, pour en assurer le parallélisme, on les maintenait à la distance voulue par des tirans de fer; elles étaient munies de