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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1874.

C’est en vain que depuis longtemps les Français de bonne volonté ne cessent de demander à ceux qui les représentent et les gouvernent de sortir enfin de l’équivoque, de mettre un peu de clarté et d’ordre dans leurs idées et dans nos affaires, de consentir à oublier un moment leurs rêves et leurs calculs pour s’en tenir à ce qui est simplement, honnêtement possible. C’est en vain que les intérêts les plus sérieux, les plus élevés, les plus pressans du pays, les relations publiques, la paix morale, le travail, le commerce, le crédit, l’industrie, sont d’intelligence pour appeler cette sécurité relative qui naît d’une certaine fixité des choses. — Attendez encore un peu, dit-on, on est occupé à se mettre d’accord, à chercher la vraie solution, à concilier la proposition Casimir Perier et la proposition Lambert Sainte-Croix. Vous n’avez guère de patience, tout le monde est à l’œuvre.

Oui vraiment, tout le monde est à l’œuvre. Les bonapartistes mettent leur zèle à retrouver dans nos ruines et dans nos misères des chances de renaissance pour l’empire. M. le duc de Bisaccia est occupé à résoudre le problème diplomatique, de donner à dîner au prince de Galles à Londres, et de provoquer à Versailles la restauration monarchique. La commission des trente, après avoir nommé une sous-commission des « trois, » nomme de nouvelles sous-commissions, et arrive en toute hâte avec son rapport sur une proposition d’urgence qui lui a été renvoyée il y a un mois déjà. Dans les couloirs de l’assemblée, toutes les habiletés s’exercent à préparer des interpellations, des ordres du jour, des coalitions et des combinaisons pour faire tomber le ministère, — qui ne veut pas tomber. Chacun poursuit sa chimère dans la confusion, c’est ce qu’on appelle de la politique. Un jour vient cependant où l’impuissance agitée des partis, les coalitions artificielles et stériles, l’incohérence