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de ces concours : toucher aux noms propres, dans ce cas, c’est marcher entre les écueils des susceptibilités particulières et risquer de paraître injuste alors même qu’on ne serait qu’impartial. Ce que je puis et dois faire, c’est de rendre un public hommage aux organisateurs de la fête, à la société florentine tout entière, qui nous a montré la bonne grâce italienne dans son charme de générosité noble et d’aimable prévenance[1]. Pise, la ville universitaire, a fait aussi aux botanistes venus pour visiter son antique jardin des plantes un accueil digne de son nom et de ses glorieux souvenirs.

Les expositions d’horticulture vivent aujourd’hui sur un fonds commun qui se retrouve plus ou moins dans toutes; c’est ce qu’on appelle des spécialités : palmiers, fougères, cycadées, azalées, orchidées, caladium, aroïdes en général, plantes à beau feuillage, à panachures étranges; on n’en finirait pas dans cette énumération presque banale. L’Italie, déjà riche en toutes choses, les avait envoyées à profusion. Elle aurait pu même, en une saison plus précoce, nous montrer comme bien à elle les camélias qu’elle sème et crée pour tous les autres centres horticoles; mais cette lacune ne paraissait pas dans la masse des autres plantes envoyées par les jardins botaniques, surtout par les riches particuliers qui se font de leurs jardins la plus noble et la plus saine des distractions[2]. Je retiens à regret au bout de ma plume le nom de ces Mécènes de l’horticulture, ceux des membres de la Société royale toscane d’horticulture, de la Société entomologique italienne, des clubs philologique, scientifique et alpin, qui nous ont fait un accueil si sympathique, ceux de nos confrères qui ont été l’âme de la fête et dont le chef, le professeur Parlatore, empêché par une maladie bien intempestive, n’a pu diriger que de loin l’œuvre qu’il avait préparée avec tant d’amour.

  1. Sa majesté le roi d’Italie était venu exprès de Rome pour inaugurer l’exposition et recevoir les délégués du jury et les membres du congrès. Tous les établissemens publics et beaucoup d’établissemens privés nous ont été libéralement ouverts. La visite aux jardins Gherardesca, Torrigiani, Corsi et Demidof, figurait dans le programme officiel, et n’en a pas été la partie la moins attrayante. Mentionnons aussi en passant une intéressante herborisation à Prato, sous la direction de MM. Caruel, Levier, Marcucci et Sommier.
  2. Le catalogue général de l’exposition ne comprend pas moins de 574 lots. La Société royale toscane d’horticulture offrait aux différens concours 100 médailles d’or, 221 d’argent, 131 de bronze. Ajoutons-y 5 grands prix d’honneur offerts par le roi d’Italie, le ministère de l’agriculture et du commerce, l’association des dames patronnesses, la province de Florence et la ville de Florence, plus 2 grandes médailles d’or de 500 francs offertes par le prince Paul Demidof, et 1 médaille d’or offerte par le professeur Parlatore. Nous citons ces chiffres pour donner une idée de l’importance de l’exposition.