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Canrobert, chargé de l’opération avec le 6e corps et la division de voltigeurs de la garde que Bazaine lui donnait pour la journée, Canrobert devait s’avancer au-delà de Ladonchamps, à travers la plaine, pour emporter un certain nombre de positions qui se trouvaient sur son front. Sainte-Agathe, Saint-Remy, Bellevue, les Grandes et les Petites-Tapes. Ce n’était pas une entreprise sans péril, car il fallait se développer dans la vallée entre les hauteurs des deux rives de la Moselle, — Fèves, Sémécourt du côté gauche, Malroy, Olgy du côté droit, — également couronnées de batteries allemandes qui pouvaient foudroyer nos bataillons en marche. Pour atténuer le péril, Bazaine avait étendu l’opération. Le maréchal Lebœuf devait s’avancer par la rive droite pour menacer Malroy, tandis qu’une division de Ladmirault s’avancerait par les collines de la rive gauche vers le bois de Woippy, de façon à soulager Canrobert en tenant l’ennemi en respect. On avait devant soi la division Kuramer, des forces du IIIe et du Xe corps. A une heure de l’après-midi, le 7 octobre, le maréchal Canrobert engageait l’action, partant de Ladonchamps et prenant la tête de ses troupes qui s’élançaient avec la plus bouillante ardeur. Les voltigeurs et les chasseurs de la garde, sous l’énergique impulsion du général Deligny, culbutaient tout devant eux, gagnant du terrain par le village des Maxes, par Saint-Remy, puis enlevant par un effort concentrique les Grandes-Tapes, les Petites-Tapes, sans se laisser arrêter par une effroyable canonnade qui les couvrait d’obus. Cette belle troupe semblait se venger du rôle peu actif qui lui avait été infligé depuis Rezonville par l’élan de son intrépidité, par l’invincible fermeté de son attitude devant l’ennemi. Sur la gauche, le général Gibon, du 6e corps, qui recevait une blessure mortelle dans cette affaire, se battait courageusement au village de Sainte-Anne, qu’il avait de la peine à enlever, et où il avait encore plus de peine à se maintenir.

A trois heures, tout le terrain dont on pouvait s’emparer était conquis, on avait même fait 700 prisonniers et pris deux batteries prussiennes qu’on ne pouvait emmener faute de chevaux ; on se trouvait maintenant en face d’un déploiement croissant des forces allemandes et d’une immense artillerie qui redoublait ses feux convergens sur nous. Que faire ? Le maréchal Bazaine, qui s’était d’ailleurs comporté en vaillant soldat sur le terrain, n’avait pas évidemment l’intention d’aller plus loin. Il se contentait « d’affirmer son succès » en forçant l’ennemi à respecter les positions qu’il avait emportées, et à cinq heures l’ordre de la retraite était donné. On n’avait pas eu même besoin de faire arriver des voitures pour enlever les approvisionnemens qu’on avait espéré trouver dans ces villages et qui se réduisaient presqu’à rien. En réalité, l’armée avait montré une fois de plus sa valeur, elle avait perdu à cette affaire