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Palais du corps législatif pour 26,000 francs, produit de la première semaine. Cette exposition, qui réunissait d’admirables trésors d’art prêtés par les possesseurs des plus riches collections particulières, vient d’être renouvelée en partie, et sous peu le public y sera de nouveau convié. Une circonstance qui dans ces derniers temps a singulièrement facilité la tâche de la Société de protection, c’est la création de la commission ministérielle chargée de répartir les 6 millions qui avaient été souscrits pour la libération du territoire et qui ont été affectés au soulagement des Alsaciens-Lorrains émigrés en France. Disposant de fonds considérables, cette commission a pu venir largement en aide à toutes les infortunes, et son action a produit les plus heureux résultats, notamment au point de vue de la colonisation de l’Algérie.

La Société de protection a elle-même dépensé cette année 274,000 fr. pour cet objet. Afin de choisir en connaissance de cause les emplacemens où devaient être construits des villages pour les nouveaux colons, MM. d’Haussonville et Guynemer étaient partis pour Alger dès le mois de mai 1873; leur choix s’était fixé sur trois points, deux situés dans la province d’Alger, l’autre dans la province de Constantine. Le premier de ces territoires, Azib-Zamoun, se trouve à 82 kilomètres à l’est d’Alger. Les eaux y sont abondantes et les terres fertiles; le pays passe pour être extrêmement salubre, et les routes qui traversent le territoire sont desservies journellement par des voitures publiques. Le second territoire, appelé le Camp du Maréchal, est contigu au premier; ils comprennent ensemble 3,800 hectares. Le troisième, Aïn-Tinn, est situé à 46 kilomètres à l’ouest de Constantine; le climat de cette région est relativement froid et convient aux Européens; les eaux y sont abondantes, on y trouve en outre des sources chaudes d’un débit considérable. Malheureusement les travaux qui doivent précéder l’installation des colons ne sont pas encore achevés sur ce point. Au contraire Azib-Zamoun est dès à présent un village peuplé de 40 familles qui y sont établies dans des conditions excellentes, et qui dans quelques mois récolteront les fruits de leurs premiers travaux. Ce village, dont la population doit être prochainement portée à 50 feux, sera sans doute sous peu appelé à l’existence civile. Tout fait espérer que cette entreprise ne restera pas sans influence sur l’avenir de la colonisation de l’Algérie. Depuis trois ans en effet, plus de 2,000 familles nouvelles de colons (environ 10,000 personnes) ont été pourvues de terres, et sur ce nombre la moitié sont venues de France depuis 1870. Le mouvement d’immigration tend donc à s’accroître, et il ira toujours en augmentant à mesure que les admirables ressources de l’Algérie seront mieux connues.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.