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REVUE DES DEUX MONDES.

heur de toute façon. Elle ne peut cependant marquer qu’une halte d’un moment dans les opérations, dont le président du conseil lui-même, le général Zabala, est allé prendre la direction.

On s’occupe en général assez peu d’affaires étrangères à l’assemblée de Versailles, et ce n’est que prudence d’éviter des discussions pour le moment inutiles ou dangereuses ; on s’en est occupé cependant l’autre jour, entre deux votes politiques, pour sanctionner sans bruit un traité négocié avec les États-Unis pour régulariser les relations postales des deux pays. Sous une apparence spéciale, c’était en réalité une question assez grave intéressant le commerce international. Depuis 1870, et on pourrait dire depuis 1867, les communications de poste entre la France et la république américaine étaient restées dans les conditions les plus irrégulières, les plus incertaines. Les habitans des deux pays étaient obligés de recourir à la voie anglaise ou de s’exposer à des taxes arbitraires par des expéditions directes. On a négocié longtemps sans pouvoir arriver à un résultat parce qu’on partait de principes différens dans la fixation des tarifs et même du poids des lettres. Les négociations avaient été reprises par M. le marquis de Noailles, alors représentant de la France à Washington. Notre nouveau ministre, M. Bartholdi, les a conduites au terme ; on a fini par s’entendre, et aujourd’hui une lettre de France pour les États-Unis paie 50 centimes. Le traité laisse aux deux gouvernemens le droit de fixer la taxe pour les journaux, pour les imprimés. Quel sera le tarif en France ? La question semble être réservée, elle relève de l’assemblée, puisqu’il s’agit d’une taxe, et elle ne manque pas d’importance. L’essentiel, au point de vue général, est la régularisation d’un acte diplomatique qui ne peut que faciliter et accroître les relations de toute sorte entre la France et les États-Unis.

CH. DE MAZADE.


REVUE MUSICALE.


Revenons pour un moment sur la messe de Verdi. Depuis quinze jours, Paris n’a d’autre émotion que celle-là. Musiciens, artistes, gens du monde, il n’y a de tous côtés qu’une voix d’approbation, d’admiration. On aura vu l’été, en plein midi, par des chaleurs étouffantes, la salle de l’Opéra-Comique s’emplir, se passionner, éclater d’enthousiasme comme aux plus belles fêtes du Théâtre-Italien d’autrefois, — et quel public ! non plus ce personnel banal, tapageur, attifé, qu’on appelle dans les feuilletons a le monde des premières ; » mais la société, la vraie, celle qui ne se montre désormais qu’à de rares occasions, et dont la seule présence consacre une œuvre. Voilà certes qui réjouit l’âme, vous retrempe,