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soient définis et qu’il y ait, comme par le passé, entre les directeurs des théâtres subventionnés, du Conservatoire, et le ministre une autorité capable de s’exercer en dehors de toutes les petites influences locales dont ne manque pas d’être assailli le fonctionnaire médiocrement renseigné. Le moyen que nous proposons n’est en somme qu’un retour aux anciens usages, et nous ne voudrions pas dire que, par sa simple efficacité, du jour au lendemain toutes les récriminations se tairont, mais du moins aurons-nous quelque chance de voir le mal ne pas empirer. Quant à l’heure présente, c’est la confusion. De la tradition et des genres, on s’en moque ; former des troupes, à quoi bon, puisque le public court niaisement à l’ordinaire qu’on lui sert ? Si vous parlez de l’art, on vous rit au nez, car ces lourdes subventions que l’état s’impose ne sont point faites évidemment pour indemniser nos premières scènes des frais que pourraient occasionner certaines tentatives profitables au talent digne d’être encouragé, et il n’y a que la recette qui compte. Les grosses recettes, les recettes forcées, doivent-elles être l’unique et suprême but ? S’il en est ainsi, supprimons les subventions, qui représentent après tout de rigoureux engagemens contractés envers l’art et les artistes et sont là pour garantir des intérêts généraux qu’on s’efforce de subordonner à des intérêts particuliers.


F. DE LAGENEVAIS.


LES SOUFRIÈRES DE LA SICILE.

Sull’ estrazione dello solfo in Sicilia e sugli usi industriali del medecimo. Relazione dell’ ingegnere Lorenzo Parodi. Firenze 1873.


Il y a quelque dix ans, les géologues anglais, ayant voulu dresser le bilan de leurs richesses minérales, ont constaté que les houillères du royaume-uni seraient épuisées avant deux siècles. Tous les bassins carbonifères de l’Europe sont dans le même cas, et les vastes gisemens, encore à peu près vierges, de l’Amérique du Nord ne pourront eux-mêmes fournir indéfiniment à la consommation gigantesque dont la houille est l’objet. Aussi on se préoccupe des moyens de prolonger le terme fatal ; on veut exploiter le charbon minéral au-delà de 1,000 mètres, on tire parti des plus minces couches et des qualités de houille médiocres que l’on dédaignait autrefois. La plus stricte économie est à l’ordre du jour ; mais d’un autre côté la consommation augmente toujours, et il faudra bien que tôt ou tard les générations qui nous succéderont apprennent à se passer du combustible que le soleil avait créé et que les révolutions géologiques ont entassé pour nous dans les entrailles de la terre.

La houille n’est pas le seul produit du sol dont l’épuisement prochain puisse être prévu pour ainsi dire à jour fixe. La Sicile verra se tarir