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L'ORIGINE DES ETRES

I.
LA VARIABILITE DES ESPECES ET LA LUTTE POUR L'EXSITENCE.

Comme une prodigieuse énigme s’offre à l’esprit humain l’apparition des êtres à la surface du globe. Il fut un temps où les conditions de la vie n’existaient pas sur la terre. Le jour est venu où ces conditions ont été réalisées ; la terre s’est couverte de végétation et s’est peuplée d’animaux ; l’homme a été créé. Cette vérité, conforme au sentiment général manifesté chez les nations dès l’antiquité, se démontre par la structure de l’écorce terrestre et par la présence des débris organiques. Maintenant, si l’on cherche à se figurer la naissance de la vie, à saisir la manière dont elle s’est produite, tout effort de la pensée demeure stérile. Les merveilleuses découvertes de la science permettent de tracer avec certitude une partie de l’histoire du monde dans les âges reculés, de rendre une sorte d’existence aux aspects de la nature pendant des périodes successives, elles n’apportent aucune lumière sur l’origine des êtres. Les magnifiques résultats acquis par les investigations modernes font prévoir encore d’immenses progrès dans la connaissance des surprenans phénomènes dont notre planète a été le théâtre ; ils n’autorisent pas à espérer que l’on apprendra un jour de quelle façon les êtres ont surgi. Le commencement semble devoir rester à jamais impénétrable pour l’intelligence humaine.

L’ardeur qui pousse certains esprits à s’inquiéter de l’origine des êtres paraît néanmoins le signe d’une noble ambition, — malavisés ceux qui voudraient la condamner ! Dans les élans pour entrevoir le monde à son début et comprendre les causes de la multiplicité des formes végétales et animales, la pensée s’élève parfois en raison