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LE
ROMAN DE SPORT
EN ANGLETERRE

M. WHITE MELVILLE

Digby Grand, — Market Harborough, — Kate Country, — Satanella, etc., by Whyte Melville.

Bien que le sport soit en progrès chez nous depuis un demi-siècle environ, nous ne saurions prétendre qu’il ait réussi à s’acclimater au point de faire partie, comme en Angleterre, du caractère même de la nation et de son organisation tant sociale que politique. Il reste ici, quoi qu’on en dise, un simple amusement, un spectacle, sous son nom d’outre-Manche, auquel nous n’avons pas su trouver d’équivalent ; il n’est point entré profondément dans nos mœurs, il ne compte point parmi nos institutions populaires. La chasse même, cette réminiscence de la vie sauvage qui ne s’efface chez aucun peuple civilisé, n’est pas un plaisir commun à toutes les classes de la société française. Tandis que notre aristocratie s’en réservait le privilège, la noblesse anglaise s’associait au contraire, dans ce qu’elle considère encore comme le simulacre utile de la guerre, l’ensemble de la population d’un pays qui a le culte de la force physique. Et la chasse n’est pas le seul terrain où se rencontrent le pair et le yeoman (fermier) : une chaîne qui rattache les premiers de la nation aux derniers réunit marchands, ouvriers, paysans, propriétaires riches et pauvres, pour les tirs à l’arc, les régates, le patinage, les courses à pied, les parties de boule ou de cricket[1]. Au meeting de

  1. Jeu de la crosse.