raison et au dévoûment éclairé de M. de Villèle, en même temps qu’à la profonde estime qu’inspirait, dans Casimir Perier, un libéralisme qui pouvait exiger des satisfactions dans l’intérêt de ses principes, mais qui était incapable de trahir la confiance qu’on auait placée en lui ! Les ordonnances de juillet avaient mis à une nouvelle épreuve cette énergie mêlée de modération qui s’était consacrée tout entière à la défense des libertés légales : alors, ainsi qu’à toutes les époques de sa vie, il sut rester maître de lui-même. Les ordonnances de juillet avaient excité son indignation comme celle de tous les bons citoyens ; mais pendant deux journées il s’était efforcé de laisser la retraite ouverte au gouvernement en soutenant dans les réunions de l’opposition que la révolution, dont l’accomplissement semblait fatalement inévitable, ne serait forte et durable qu’à la condition d’avoir été imposée, par la violation de la loi, à la France libérale avec une évidence qui ne pût être niée par personne. De là, dans son opinion, la nécessité d’une mise en demeure adressée directement et en face à M. de Polignac par la réunion des députés présens à Paris. Après beaucoup d’hésitation de la part des plus animés, cette proposition fut acceptée et une commission nommée. La commission, composée de Casimir Perier, Laffitte, Mauguin, Lobau et Gérard, se rendit aux Tuileries, à travers mille dangers, afin d’y promettre de tout faire pour rétablir l’ordre aux conditions suivantes : rapport des ordonnances, renvoi des ministres et convocation des chambres le 3 août. Le duc de Raguse répondit qu’il était militaire et ne pouvait qu’obéir ; M. de Polignac fit répondre que toute conférence était inutile, et que les ordonnances seraient maintenues. Le sort en était donc jeté : l’énergie de Casimir Perier avait trouvé sa voie légale et se manifesta dans toute sa liberté par ces paroles, adressées un instant après à son compatriote dauphinois, M. Baude, l’un des acteurs les plus ardens et les plus honorables de ces grands événemens : « tout a été dit, la résistance est devenue la loi ; — j’appartiens donc tout entier à la résistance. »
Le besoin de tout dire était tellement une partie même de la nature de Casimir Perier, que, trouvant un jour l’occasion, un an après son entrée au pouvoir, de s’expliquer sur l’opinion qu’il avait