par quelques voyageurs, et les autres documens que nous avons pu nous procurer, nous avons dressé une carte des contours probables de la courbe d’altitude zéro. Cette courbe donne une idée générale du rivage de la mer à créer, qui couvrirait une superficie de 320 kilomètres de longueur sur 50 ou 60 kilomètres de largeur. Elle donne en même temps une idée de la grande baie de Triton, avec cette seule différence que cette baie était réunie à la Petite-Syrte par une large communication au temps d’Hérodote, et par un canal plus étroit au temps de Scylax. Pour établir cette carte, nous avons encore eu à notre disposition une série d’altitudes que M. Duveyrier a déterminées à l’aide d’un baromètre anéroïde au cours de ses explorations dans la région des chotts. Malheureusement les altitudes barométriques ne sauraient servir qu’à titre de simples renseignemens. Ces altitudes en effet se contredisent souvent. La plupart ont été calculées au moyen d’observations correspondantes faites à Alger ; si l’on considère la distance qu’il y a entre cette ville et la région des chotts, on ne doit pas s’étonner du peu de précision des résultats obtenus à l’aide d’observations faites en deux points si éloignés l’un de l’autre, séparés par de nombreuses chaînes de montagnes, où par conséquent les conditions atmosphériques peuvent se trouver si différentes au même instant. Il suffira de rappeler ici à cet égard que trois observateurs distingués, MM. Vuillemot, Jus et Lehaut, avaient adopté pour Biskra l’altitude de 89 mètres, tandis qu’elle est réellement de 124 mètres, et cependant cette altitude était le résultat d’observations nombreuses faites dans deux villes et par conséquent dans de très bonnes conditions. Les voyageurs, qui sont obligés de se contenter bien souvent d’un très petit nombre d’observations et même d’une observation unique, peuvent donc commettre sur les altitudes des erreurs de 40 mètres et plus. Dans la question qui nous occupe, où une différence de niveau de 20 mètres est excessivement importante, de telles données ne peuvent plus avoir que la valeur de renseignemens fort vagues.
Les anciens considéraient la navigation comme très difficile dans la Petite-Syrte, tant à cause des bas-fonds que des marées. Solin, qui, contrairement à Scylax, regarde la Petite-Syrte comme moins dangereuse que la Grande-Syrte, raconte que la flotte romaine put y passer sans accident sous le consulat de Cn. Servilius et de C. Sempronius. Les dangers devaient être en somme plus apparens que réels. Le nombre considérable des villes marchandes que les