voyageurs trouvent les vestiges qui excitent leur étonnement ; mais bientôt les ancres seront recueillies par les indigènes, les cailloux roulés et les coquillages seront entraînés par les torrens jusque dans le fond du lit desséché des lacs ou recouverts par les sables, et disparaîtront pour la plupart.
Arrivons maintenant à Ptolémée, qui écrivait vers la fin du IIe siècle et qui nous fournit de précieux renseignemens sur la géographie de l’Afrique. Dans sa table IV, consacrée à l’Afrique intérieure, Ptolémée fait la description suivante du Gir : « c’est d’abord le Gir, qui aboutit d’un côté au mont Usargala et de l’autre à la gorge Garamantique, le fleuve a un embranchement qui va former le lac des Tortues ; le Gir, se perdant alors, reparaît plus loin et forme une autre rivière dont l’extrémité occidentale va former le lac Nuba. » Déjà le voyageur Shaw avait cru reconnaître le Gir de Ptolémée dans l’Oued-Djeddi, qui prend sa source au Djebel-Amour, arrose Laghouat et vient se jeter dans le chott Mel-Rir après un parcours de plusieurs centaines de kilomètres. M. Vivien de Saint-Martin, dans son ouvrage le Nord de l’Afrique ancienne, n’hésite pas à reconnaître que le Nigris décrit par Pline et le Gir de Ptolémée ne sont qu’un seul et même fleuve, l’Oued-Djeddi, que par conséquent le lac des Tortues ne peut être que le chott Mel-Rir ; M. Duveyrier de son côté arrive à la même conclusion. Ces deux écrivains remarquent d’ailleurs que, dans rémunération des villes situées sur le cours du Gir, Ptolémée cite Thykimath, Ghéoua, Iskhéri ; ils font ressortir l’identité de ces noms avec ceux de Tadjemout, Laghouat, Biskra, et la similitude des positions relatives que ces différentes villes occupent sur les cours du Gir et de l’Oued-Djeddi. Ajoutons que Ptolémée place également Lynxama à l’est d’Iskeri, et que le nom et la position de cette ville concordent avec le nom et la position de Lyæna, qui était encore au temps de Shaw le plus riche des villages au nord du chott Mel-Rir.
Ptolémée, de même que Pline, fait sortir le Gir du lac des Tortues, et lui fait remonter souterrainement le bassin de l’Oued-Rir ou Iguarghar. Or M. Duveyrier établit que le mot berbère gher, ghir, et par corruption nigher, nighir, signifie « bassin hydrographique. » Les auteurs grecs et latins, ne se rendant pas bien compte de la signification de ces mots, les faisaient, par un pléonasme, précéder du vocable fleuve ; c’est ce qui explique le grand nombre des cours d’eau que les anciens ont appelés Niger ou Nigris. Dans le sens attribué généralement au mot fleuve, la description de Ptolémée serait fausse ; mais, si on restitue au mot gir son véritable sens de « bassin hydrographique, » elle est très exacte, et le Gir représente le bassin de l’Oued-Djeddi réuni à celui de l’Iguarhgar parle lac des Tortues ou chott Mel-Rir. L’identité du Gir avec