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est le premier des grands corps de l’état ; au point de vue religieux, il tient la place du patriarche et en exerce tous les droits. On l’a souvent en Russie considéré comme un concile national ; le synode étant à la nomination du gouvernement, cette désignation n’est pas exacte : elle pourrait un jour le devenir. Pierre le Grand, tout en se réservant d’en choisir les membres, semble avoir voulu faire de son synode une sorte de représentation des différentes classes du clergé. Les évêques y étaient en minorité ; au-dessous d’eux siégeaient des archimandrites de monastères et des membres du clergé séculier ; peut-être y avait-il là une tendance presbytérienne. Le conseil dirigeant de l’église russe est vite revenu à une composition plus en harmonie avec la hiérarchie et les canons orthodoxes, qui attribuent le gouvernement de l’église aux évêques. Dans le saint-synode, l’épiscopat est aujourd’hui en majorité : deux places, seulement sont réservées à l’ordre des prêtres. Le nombre des membres n’est pas fixe, et tous n’y entrent pas au même titre et pour le même temps. Il y a les membres proprement dite et les membres assistans, les membres de droit inamovibles, et les membres temporaires et révocables. Les membres de droit, dont l’inamovibilité est un privilège peut-être unique en Russie, sont les trois métropolites des capitales successives de l’empire, Kief, Moscou et Pétersbourg, auquel est d’ordinaire réuni Novgorod. C’est au titulaire de cette double métropolie qu’appartient la présidence. L’usage assure encore une place dans le saint-synode à l’exarque de Géorgie, dont la petite église jouit d’une organisation particulière. Les autres membres sont au choix de l’empereur, qui les nomme pour un temps déterminé ; ce sont quatre ou cinq archevêques, évêques ou archimandrites. Enfin viennent deux membres du clergé inférieur, du clergé marié, deux archiprêtres, dont en général l’un est l’aumônier et le confesseur de l’empereur, l’autre le grand-aumônier de l’armée. La présence au conseil suprême de l’église de dieux représentant du clergé séculier est indispensable dans un pays où le corps ecclésiastique est divisé en deux classes ayant des tendances et des intérêts divers. Ce serait peu dans le saint-synode que deux prêtres séculiers en face de sept ou huit prélats du clergé monastique, si l’appui de l’opinion ou du gouvernement ne compensait souvent l’infériorité numérique.

Le saint-synode est une assemblée permanente, et le lieu de sa résidence, comme sa composition, fait que l’influence effective ne s’y répartit pas exactement sur le nombre des voix. C’est à Pétersbourg que siège le synode : à Moscou, comme en Géorgie, il n’a que des délégations, des commissions locales. Les titulaires pourvus d’évêchés étant obligés de se partager entre l’administration de leur