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L'EMPIRE DES TSARS
ET LES RUSSES

VII.[1]
L’ÉGLISE RUSSE.

II.
LE PATRIARCAT ET LE SAINT-SYNODE. — LA TOLERANCE RELIGIEUSE ET LA SITUATION DES DIFFERENS CULTES.

Nous avons étudié l’esprit de l’orthodoxie orientale, nous avons essayé d’en déterminer la valeur morale et politique ; nous voulons aujourd’hui examiner la situation légale de l’église russe, ses rapports avec l’état et avec le souverain. Dans le catholicisme grec, la constitution ecclésiastique tend à se modeler sur la constitution politique, de même que les limites des églises tendent à se calquer sur les limites des états ou des peuples. Ce sont là deux faits corrélatifs, inhérens à la forme nationale des églises orthodoxes. Confinées dans les frontières de l’état, dépourvues de chef commun et de centre religieux étranger, ces églises, indépendantes les unes des autres, sont plus ouvertes à l’influence du pouvoir temporel, plus accessibles au contre-coup des révolutions de la société laïque. Avec une hiérarchie partout identique de prêtres et d’évêques, les églises orthodoxes s’accommodent selon les temps ou les lieux de régimes fort divers, le mode de leur gouvernement intérieur finissant toujours par se mettre en harmonie avec le mode de gouvernement politique. Le degré de leur liberté est en raison de la liberté

  1. Voyez la Revue’’ des 15 août, 15 septembre, 15 octobre 1873, 15 janvier et 1er mars 1874.