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du Mexique. Le rendement de 27 dollars révèle un bénéfice net de 50 pour 100 comparé au coût de l’exploitation minière et métallurgique, mais le bénéfice est loin quelquefois d’atteindre ce taux à cause de tous les faux-frais qui grèvent l’organisation de certaines compagnies minières.

On vient de dire que le rendement moyen du traitement à l’usine n’était que des deux tiers du titre absolu, ce qui signifie que l’on perd 33 pour 100 de l’argent contenu dans le minerai. Tous les ingénieurs, les chimistes, les essayeurs, les métallurgistes, ont été successivement frappés de ce fait singulier, qui se représente aussi pour l’or, et ont tenté d’y parer. Soit que certains minerais d’argent restent jusqu’au bout rebelles à l’amalgamation, ou qu’une certaine perte, comme dans la manipulation de toute matière, soit ici inévitable, toutes les recherches des personnes qui se sont mises à l’œuvre n’ont jusqu’à présent amené aucun résultat, et l’on continue à perdre en Nevada, comme partout ailleurs, environ le tiers de l’argent contenu dans les minerais. Il en est ainsi pour l’or en Californie et dans toutes les autres contrées aurifères ; il y a même en Californie certains sulfures très riches en or qui se sont invariablement montrés réfractaires à tout traitement. Un des professeurs les plus distingués de notre École des mines de Paris, M. Rivet, dont la science déplore la perte encore récente, et qui continuait dans l’art d’essayer les rainerais les sévères traditions de son maître, M. Berthier, avait cru un moment avoir découvert cette pierre philosophale que l’on cherche toujours. Il commençait par pulvériser les minerais en poudre impalpable, les oxydait, les grillait à mort, comme on dit, puis les désulfurait entièrement en faisant passer dans les fours un courant de vapeur d’eau surchauffée, et alors seulement il commençait l’amalgamation. Content de servir la science, il avait abandonné l’exploitation de son procédé à d’autres. En Californie, au Nevada, au Mexique, on a méticuleusement appliqué les données de l’inventeur, et nul résultat sérieux, après des années d’essais, n’a été obtenu. J’ai retrouvé en 1868, en Californie, le procédé toujours à l’épreuve; on n’en parlait plus depuis longtemps au Nevada ni au Mexique. Décidément la nature ne veut pas tout abandonner à l’homme en une fois ; elle lui fait payer le prix de ses faveurs, et il faudra chercher longtemps encore avant de découvrir le meilleur moyen de traiter les minerais d’argent. N’en est-on pas resté depuis plus de trois siècles à l’invention de Médina, le pauvre mineur mexicain, l’inventeur de l’amalgamation américaine, et cela malgré toutes les découvertes de la chimie? C’est que sur ce terrain la chimie et la métallurgie ont quelquefois le tort de confondre leurs méthodes, celles de la chimie, nées d’hier, délicates