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dépasse de beaucoup tous ces chiffres, et l’on vient de voir qu’en dix ans seulement il avait fourni déjà plus du sixième de la production trois fois séculaire de la Veta-Madre de Guanajuato, la veine argentifère par excellence avant la découverte du Comstock.

Quand on compare tous ces filons entre eux, ceux du Mexique, de Bolivie, de Nevada, on leur trouve plus d’un point de ressemblance. D’abord ils sont tous les trois contenus dans la grande chaîne métallifère des Andes, ce rempart littoral de granit qui s’étend du détroit de Magellan au détroit de Behring, tout le long du Pacifique, et qui partout laisse surgir les veines métalliques à travers ses flancs fissurés, encore secoués par les volcans. Les filons dont nous parlons sont en outre de la famille de ceux que les géologues anglais appellent des dykes, — des digues, — tant ils sont épais et puissans. Les affleuremens courent à la surface comme de véritables murailles. Nous savons que les croppings du Comstock sont reconnaissables à ce caractère, que présente aussi d’une façon très saisissante le grand filon de quartz aurifère de Californie, lequel traverse cet état du sud-est au nord-ouest sur une moitié de sa longueur, soit 5 degrés de latitude.

Les dykes des Anglais sont ceux-là mêmes que les Hispano-Américains ont appelés vetas-grandes et vetas-madres. À cette catégorie appartiennent non-seulement les principaux filons argentifères d’Amérique que nous avons cités, mais encore quelques grandes veines d’Europe, par exemple les fameux filons d’argent de Schemnitz et de Felsobanya, en Hongrie, qui jadis furent si productifs. Les petits filons sont loin de valoir ceux-ci pour le rendement. À cette nouvelle famille, on peut rattacher les mines d’argent de Freyberg en Saxe, Kongsberg en Norvège, Chañarcillo au Chili, Cerro-de-Pasco au Pérou, Catorce au Mexique, Austin, Belmont et Pahranagat en Nevada. La richesse d’aucune de ces mines n’a jamais égalé celle des premières.

En Nevada, les mineurs gagnent de 3 1/2 à 4 dollars par jour de travail de huit heures, et les ouvriers de l’extérieur de 3 dollar à 3 dollars 1/2 pour une journée de dix heures. Tout est en proportion de ces prix, le cours des bois d’étais et de chauffage, de la poudre, de la dynamite, du mercure, le prix des transports, des constructions, etc. La richesse moyenne des minerais, d’après l’essai au laboratoire, était en 1870 de AO dollars par tonne de 1,000 kilogrammes ; c’est le double de ce que donnent les minerais de quartz aurifère en Californie. Le rendement moyen à l’usine n’était que des deux tiers de celui de l’essai, soit environ 27 dollars. La richesse absolue indiquée par l’essai mettait le titre du minerai à 1 millième, qui est aussi à peu près la moyenne des minerais d’argent