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roches porphyriques vertes. C’est ce qu’on nomme en géologie un filon de contact, parce qu’il est au contact du granité et du porphyre; mais il est à remarquer que le filon est plus régulier que ne l’est d’ordinaire cette nature de gîtes. En approchant de la surface, ce nid métallifère se renfle et s’épanouit en trois ramifications, dont deux viennent projeter au dehors leurs têtes quartzeuses et forment ce qu’on nomme les affleuremens ou croppings.

La fissure que remplit le filon a dû être ouverte dans le sol par quelque commotion volcanique, car on trouve dans le voisinage des roches trachytiques, qui rappellent celles du Vésuve, de l’Etna et des volcans des Andes. Le minerai et les matières qui l’accompagnent auront été amenés sans doute par des dégagemens gazeux, analogues à ceux des solfatares et venus des profondeurs du globe. Une grande quantité d’eau et de vapeur aqueuse, retenant la silice et l’argile dissoutes ou mélangées, aura été unie à ces gaz, presque tous de nature métallique. Le quartz ou cristal de roche compacte et l’argile composent la gangue principale ou partie stérile du minerai. L’argile, grasse, bleuâtre, polie, apparaît surtout vers les points où le filon s’appuie sur les roches qui l’encaissent. Ces parties sont quelquefois aussi lisses que si elles avaient été dressées à la truelle, et témoignent ainsi des efforts que l’énorme masse a subis. Les mineurs les appellent des miroirs, et elles sont quelquefois semées de stries et de rayures très nettes, qui semblent indiquer le sens suivant lequel le filon a été secoué dans la fissure ou cheminée qui le contient. Là ne se bornent pas les curieux phénomènes mécaniques que l’on constate, et qui ont dû. accompagner l’apparition de la veine métallifère. De gros blocs de roches encaissantes, surtout de porphyre, qui forme le toit du gîte, sont tombés au milieu du filon et alors l’interceptent. Les ouvriers, dans leur langue imagée, nomment ces parties stériles des chevaux.

Le minerai est du sulfure simple d’argent presque pur, de l’espèce que les minéralogistes appellent stéphanite, et, quand il est cristallisé, argent vitreux. Il est mêlé à un peu d’argent rouge ou sulfure d’argent, d’antimoine et d’arsenic, très commun dans d’autres mines de Nevada, notamment dans celles d’Austin, qui sont situées à 150 kilomètres plus à l’est ; ce sulfure est très souvent associé à des chlorures et parfois à des iodures et bromures d’argent. Le chlorure est généralement un minerai voisin de la surface, et c’était en 1868 l’espèce dominante aux mines de White-Pine, qu’on venait de découvrir en Nevada, à 40 lieues au sud-est d’Austin. Tout le sol de ce jeune état est imprégné de matières argentifères, depuis la région septentrionale, où sont les mines de Humboldt, jusqu’à l’extrême limite sud, où sont celles de Pahranagat; mais tous ces gisemens s’effacent devant celui de Virginia-City.