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l’Espagne. Le lit du fleuve équatorial est largement établi sur la Norvège, la Russie septentrionale, d’où il descend vers le sud et la Mer-Noire, où son cours est accusé par la présence d’une bourrasque dont le centre paraît être vers Koutaïs en Géorgie.

Dans cette région que nous appelons la « zone centrale des calmes » règnent en général des temps sereins ou brumeux, suivant la saison. Les vents y sont variables, le plus souvent faibles, déterminés par des causes toutes locales, ou par des contre-courans que produit sur ses confins l’action du grand courant circulaire qui les côtoie. C’est dans les contrées que cette zone recouvre que se manifestent les brises de terre et de mer, le mouvement alternatif d’ascension et de descente de l’air sur les pentes des montagnes, phénomènes locaux qui s’effacent entièrement lorsque le déplacement de cette zone introduit la contrée dans le régime des grands courans généraux.

Cette esquisse grossière, ce croquis dont les contours sont crayonnés à grands traits, peut déjà nous fournir quelques données sur les caractères probables de la saison qui s’approche. Des fluctuations qui s’accomplissent au sein de masses atmosphériques si vastes ne sauraient amener brusquement de radicales modifications dans la situation générale; la lenteur de ces changemens nous permettra de saisir parfois vers quel genre de situation nouvelle nous sommes graduellement conduits. Ainsi au commencement de l’hiver, au moment où l’air des régions polaires, privé pour plusieurs mois de l’action directe des rayons solaires, semble prendre une part peu active à la circulation générale de l’atmosphère, l’observation attentive des allures du circuit équatorial nous fournit d’utiles renseignemens sur le caractère probable de la saison dans laquelle nous entrons. Si la branche occidentale du circuit, signalée à nos yeux par les bourrasques qu’elle charrie, s’étend largement sur l’Europe occidentale, pénètre à des latitudes élevées, et paraît posséder à la fois de l’ampleur et une grande force d’impulsion, notre hiver occidental sera doux et pluvieux, et les fluctuations peu marquées de ce courant pendant le repos, l’hivernage des régions polaires, nous garantissent la permanence de ces caractères. Si la branche ascendante est au large dans l’Atlantique et que le lit du courant de retour s’établisse du nord-ouest au sud-est à travers l’Europe centrale, les oscillations même faibles de ce courant peuvent nous faire passer de son lit sur la rive gauche, où nous rencontrons l’air froid des hautes latitudes; un hiver maussade, procédant par alternatives de gelées, de dégels, de neige et de pluies froides, nous est probablement réservé. Si le courant, manquant de vigueur, ne pénètre pas loin vers le nord et fait retour à l’est à travers l’Espagne et la Méditerranée, l’Europe centrale, située sur la rive gauche du circuit,