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Colomb. On avait bien remarqué depuis longtemps dans nos contrées sur les bords de la mer, principalement dans la belle saison, l’alternance régulière de la brise de mer pendant le jour et de la brise de terre pendant la nuit, ainsi que dans les pays accidentés le mouvement alternatif d’ascension et de descente de l’air sur la pente des montagnes. Les premiers navigateurs portugais et hollandais qui explorèrent l’Océan indien retrouvèrent des phénomènes analogues, mais à période semestrielle, dans toute l’étendue des mers qui baignent le sud de l’Asie. Là règne le régime des moussons, c’est-à-dire des vents qui soufflent à peu près du sud au nord d’avril à octobre, quand le soleil est au nord de la ligne, et dans la direction opposée de novembre à mars, lorsqu’il est dans l’hémisphère austral; depuis un temps immémorial, les relations commerciales établies par voie maritime entre les peuples de ces régions se réglaient sur la périodicité de ces deux courans. Dans la zone tempérée, bien qu’on eût depuis longtemps constaté la prédominance des vents entre sud-ouest et nord-ouest sur l’Europe occidentale, et celle des vents d’entre nord et nord-est dans l’Europe orientale, la succession des vents soufflant de tous les points de l’horizon semblait échapper à toute loi et n’être que l’effet du hasard. La lumière qui allait se faire sur cette obscure question devait nous venir d’une source bien inattendue.

Tout le monde a entendu parler de ces terribles météores qui, sous le nom de tornados dans l’Atlantique tropical, de cyclones dans l’Océan indien, de typhons dans les mers de la Chine, sont pour le marin, comme pour l’habitant du littoral, un sujet d’épouvante, et qui infligent aux régions qui en sont hantées des désastres dont nos plus violentes tempêtes d’Europe ne donnent qu’une idée très affaiblie. Ces météores consistent en un violent mouvement de rotation imprimé à une masse d’air recouvrant des surfaces circulaires d’un diamètre variant de 50 à 200 lieues, et tournant autour d’un axe idéal plus ou moins voisin de la verticale. Cet axe se déplace lui-même en oscillant, et le mouvement du météore offre une grande analogie avec celui d’une toupie dont la rotation rapide s’opère autour d’un axe qui se promène sur le parquet avec un balancement plus ou moins prononcé. Au sud de la ligne équinoxiale, le sens de la rotation du météore est invariablement celui des aiguilles d’une montre; au nord, il possède tout aussi invariablement le mouvement inverse. Au centre règne un calme presque complet, les nuages qui assombrissent le pourtour se déchirent parfois, et laissent une éclaircie que les marins appellent l’œil de la tempête; mais la vitesse circulaire du vent s’accroît à mesure qu’on s’éloigne du centre, et peut atteindre jusqu’à 40 lieues à l’heure, puis diminue progressivement quand on a dépassé le cercle où elle atteint cet effrayant