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l’Allemagne; elles sont situées à Saint-Pétersbourg, Moscou, Kharkof, Kazan, Kief, Odessa, Dorpat et Varsovie. Elles comptaient 512 professeurs et 6,779 étudians dont presque la moitié, 3,247 ou 47 pour 100, étudiaient le droit; les facultés de médecine avaient 1,922 élèves ou 27 pour 100. Le nombre des étudians qui reçoivent des secours pour faire leurs études est très considérable, 1,430 jouissent d’une bourse, 2,208 d’une demi-bourse et 1,732 de secours temporaires, c’est-à-dire que 80 pour 100 d’entre eux ne peuvent suffire à leurs besoins par les ressources de leurs familles. C’est une curieuse indication de l’état social de la Russie. Cela prouve que les classes élevées n’envoient guère leurs enfans à l’université et que la classe bourgeoise est encore peu nombreuse. Quel contraste avec les universités anglaises, peuplées uniquement de fils de lords et de millionnaires! La puissance de l’aristocratie anglaise provient de ce que les rejetons des grandes familles font en général de fortes études, et s’initient de bonne heure aux travaux et aux traditions de la politique. La Russie manquait de bons professeurs pour l’enseignement supérieur, et souvent un grand nombre de chaires restaient vacantes. Pour obvier à ce grave inconvénient, l’état s’est décidé à former pour ainsi dire sous ses auspices une pépinière de jeunes professeurs. Il a donné pour 250,000 francs de bourses à des jeunes gens qui se préparent à la carrière du haut enseignement, tant dans le pays même qu’à l’étranger. Autre mesure excellente pour laquelle la Russie précède les nations occidentales : à l’instar de l’Allemagne, elle organise dans son université des instituts scientifiques spéciaux pourvus de locaux, d’instrumens et d’appareils. C’est ainsi que des observatoires astronomiques ont été organisés à Odessa et à Kief. En 1871, on a terminé le bâtiment spécial affecté à la chimie, où les étudians pourront se livrer aux manipulations, aux expériences et aux études pratiques, dont la nécessité est mieux comprise de jour en jour. Dans la seule année 1871, l’état a augmenté ses subsides aux universités de 525,000 francs.

Les gouvernemens russe et américain se sont donné à toute occasion des preuves d’entente et d’amitié. Les particuliers en Russie paraissent aussi vouloir rivaliser avec les citoyens américains en fait de munificence pour les écoles. C’est bien comprendre les conditions du progrès et la véritable source de la prospérité du pays. Voici quelques exemples de cette intelligente bienfaisance. M. Narychkine fonde à Tambof l’école normale Catherine et la dote d’un grand local et d’un fonds de 1,600,000 francs. La donation du marchand Matveïef permet d’agrandir le cabinet histologique de l’université de Moscou. Grâce aux libéralités de la comtesse Moussine-Pouchkine, on améliore l’enseignement dans le lycée de Negine