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aux jeunes gens d’acquérir une instruction complète et d’un niveau très élevé, sans faire des études humanitaires qui les lancent dans une carrière souvent sans issue. Elles diminuent ainsi le nombre de ces vocations manquées ou, pour employer l’expression triviale, mais juste, de ces « fruits secs » qui sont la plaie des familles et de la société. En Hollande, on a aussi organisé récemment dans toutes les villes importantes, sous le nom de Hoogburgerscholen, des écoles professionnelles qui peuvent servir de modèle.

La preuve que ce genre d’établissemens répondait en Russie à un véritable besoin, c’est qu’aussitôt les statuts et la circulaire ministérielle publiés, plus de quarante états provinciaux et municipalités s’adressèrent au ministère de l’instruction publique pour obtenir l’installation d’écoles réales. Vingt-quatre d’entre eux fournissaient les bâtimens, un capital de fondation, ou des subsides annuels. Rien que le chiffre des capitaux de fondation offerts s’élève pour la seule année 1872 à 280,000 roubles ou environ 1,100,000 francs, sans compter douze locaux dont plusieurs ont une valeur considérable. Ainsi Borissoglebsk, dans le gouvernement de Tambof, offre un bâtiment estimé 400,000 francs, Kief un autre d’une valeur de 240,000 francs. Rostof sur le Don donne annuellement plus de 100,000 francs, somme suffisante pour couvrir tous les frais d’une école professionnelle à six classes. Sarapoul présente un subside annuel de 50,000 fr., Krementchoug 60,000, Rossieni 40,000 fr.; enfin Krasnooufîmsk, dans le gouvernement de Perm, offre une maison de 60,000 francs pour créer une école rêale à quatre classes dont le plan d’études réponde spécialement aux exigences de la métallurgie et de la fonderie, avec une section d’économie rurale dans la cinquième et la sixième classe, et une section de mécanique appliquée dans le cours supérieur. Ces nombreuses demandes, accompagnées d’offres si généreuses, partant même des provinces les plus écartées de l’empire, sont une admirable manifestation de l’esprit de progrès qui pénètre partout; elles prouvent que les administrations locales comprennent que c’est par la diffusion des connaissances scientifiques que doivent se développer les ressources économiques du pays. Malheureusement les fonds mis à la disposition du ministère sont déplorablement insuffisans; par suite, la plupart de ces demandes, si dignes d’un bienveillant accueil et d’un large encouragement, ont dû être ajournées. A la fin de 1872, il n’y avait encore que 27 écoles réales, non compris, il est vrai, celles des arrondissemens scolaires de Dorpat et du Caucase.

Au 1er janvier 1872, on comptait 126 gymnases et 32 progymnases, fréquentés par 42,751 élèves, soit 3,720 de plus qu’en 1871. Le nombre de ceux qui se sont présentés aux examens d’entrée du