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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1874.

Depuis que l’assemblée nationale se retrouvait à Versailles le 5 novembre dernier après des vacances agitées par une campagne de restauration monarchique plus bruyante qu’heureuse, près de cinq mois sont passés, et nous voici ramenés à de nouvelles vacances parlementaires, aux vacances du printemps. Ces cinq mois qui viennent de s’écouler ont-ils du moins servi à simplifier la situation, à rassurer les intérêts, à résoudre toutes ces questions de finances, de réorganisation militaire ou administrative qui pèsent sur le pays ?

Elle s’est principalement déroulée, cette session laborieuse et peu fructueuse, à travers les conflits intimes, les interpellations et les incidens qui se sont multipliés jusqu’à la dernière heure, jusqu’à cette proposition de M. Dahirel venant mettre l’assemblée en demeure de fixer le jour prochain où elle choisira une forme définitive de gouvernement, c’est-à-dire où elle rétablira la monarchie. La vérité est que depuis cinq mois on n’a cessé de se débattre dans une certaine confusion, laissant en suspens les choses de première importance, telles que les nouveaux impôts et l’équilibre du budget, courant surtout aux luttes passionnées ou s’égarant dans une stratégie parlementaire féconde en surprises, en coups de théâtre et en contradictions. L’autre jour, un député s’écriait d’un accent de plainte inutile : « À force de faire et de défaire, on jette l’inquiétude dans tous les esprits. C’est la permanence qui expose ainsi l’assemblée à cette perpétuelle incertitude. » Hier encore on disait à l’intrépide chevalier de la légitimité, M. Dahirel : « La monarchie, vous ne pouvez pas la faire, et vous troublez le pays, » à quoi M. Dahirel répondait fièrement d’un ton de défi : « Faites la république, vous qui parlez ! » Nous voilà bien avancés au bout d’une longue session, moins de cinq mois après le vote du septennat ! Faire et défaire, passer entre la république et la monarchie, mettre en doute un gouvernement qu’on vient à peine de fonder, s’arranger de façon à ce qu’une