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excessif. On conçoit quelles exhalaisons, par les temps de sécheresse, s’échappaient de ces ouvertures, et, par les orages, quelles inondations devaient se produire sur des terrains plats, marécageux. Ajoutez à ces inconvéniens celui d’une alimentation d’eaux salubres insuffisante, de sources rares ou malsaines, et l’on aura une idée de ce qu’il fallait faire pour y parer. Sur ce dernier point, on a réussi entièrement : les eaux salubres se sont augmentées de deux sources sortant du Schneeberg, à 95 kilomètres, arrivant au sud-ouest de la ville, très pures, très fraîches, dont le débit moyen est de 70,000 mètres cubes par jour, et qui peuvent donner quotidiennement 74 litres par habitant. Vienne possède aujourd’hui une des plus remarquables distributions d’eaux potables de l’Europe. L’écoulement des eaux insalubres présentait plus de difficultés ; on a peu à peu obvié au mal. Dans les rues et dans les maisons, les conduites, les égouts, ont été élargis et les pentes augmentées autant que possible, mais il aurait fallu tout refaire. La décharge des eaux pluviales et ménagères se fait dans le Canal du Danube, par les collecteurs de la Wien, par les deux ruisseaux qui traversent la ville et qui ont été voûtés l’un et l’autre. Les trop-pleins des eaux, de celles qui proviennent surtout des pluies d’orage, sont versés par des canaux spéciaux, dont deux ont reçu le nom significatif de canaux du choléra, dans la Wien directement, sans que les matières solides quittent le radier des égouts où elles sont entraînées. Ce système serait irréprochable, si les collecteurs, si la Wien elle-même et le Canal du Danube avaient un courant et une pente suffisans; il n’en est malheureusement pas ainsi.

Avant la crise financière de 1873, la municipalité viennoise, fière des résultats obtenus en si peu de temps pour la transformation de la capitale, avait accueilli des projets luxueux pour la canalisation de la Wien. C’est ainsi que l’idée de la voûter, pour en faire un grand collecteur au-dessus duquel serait établi un chemin de fer local, a été débattue. Aujourd’hui, afin d’améliorer le régime des eaux insalubres, on devra se préoccuper avant tout du Canal du Danube; le dragage de ce canal, en abaissant le lit, mettra les égouts latéraux et les quartiers riverains à l’abri des inondations, trop fréquentes jusqu’ici ; il faudra aussi construire des collecteurs le long des rives. Déjà, à l’embouchure du canal, on a établi tout récemment un bateau-porte pour empêcher l’entrée des glaces qui, aux débâcles du printemps, refoulent les eaux et causent des dommages considérables. Enfin une entreprise plus importante est la dérivation même de la partie principale du fleuve au nord de la ville et le creusement d’un lit profond, presque droit et rapide, à la place de l’ancien Danube aux replis fréquens, qui sera comblé afin de substituer aux marécages qui empoisonnent l’air des terrains secs