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LA
QUESTION CUBAINE

SIX ANS D’INSURRECTION. — L’AFFAIRE DU VIRGINIUS.


I. Réformes dans les îles de Cuba et de Porto-Rico, par Porfirio Valiente ; Paris 1869. — II. The Cuban question and American Policy, New-Tork 1869. — III. Las dos banderas. Apuntes histôricos sobre la insurrecion de Cuba, Séville 1870. — IV. Morales Lemus y la revolucion de Cuba, por Enrique Piñegro, New-York 1871. — V. Los Voluntarios de la Habana en el acontecimiento de los esludiantes de medicina, Madrid 1873.


I.


S’il est une qualité qu’on ne saurait dénier à la race espagnole, c’est bien la ténacité dans la résistance et l’indomptable énergie. Sans en chercher d’autre exemple, nous n’avons pas oublié en France comment les Espagnols, retranchés dans leurs montagnes, surent tenir en échec et user à la longue les redoutables armées de Napoléon Ier ; mais le courage et la persévérance dont ils avaient fait preuve contre nos soldats, ils les retrouvèrent au même degré dans les colons issus de leur sang lorsque les états de l’Amérique du Sud voulurent secouer le joug de la mère-patrie. Après une lutte acharnée, l’Espagne dut s’avouer vaincue et renoncer à ses riches possessions d’outre-mer. Le même cas se présente aujourd’hui. Cuba, le dernier et le plus beau joyau de cet immense empire colonial qui sous Charles-Quint embrassait les deux tiers du Nouveau-Monde, Cuba s’est révoltée à son tour ; depuis six ans bientôt, les deux partis sont en présence, créoles d’un côté, péninsulaires de l’autre, et, malgré la supériorité réelle que donnent à ces derniers leur nombre, leur discipline, le concours de leur flotte, la perfection de leur armement, en dépit de quelques avantages par-