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LES RÉVOLUTIONS
DE L’ASIE CENTRALE

II.
L’AFGHANISTAN ET LA TRANSOXIANE[1].


I.

Le voyageur qui sort des plaines brûlantes de l’Inde par la frontière du nord-ouest, après avoir franchi le Sind et gravi les premiers escarpemens des monts Soleïman, se trouve dans un pays nouveau, sous un autre climat. La végétation tropicale disparaît; les arbres de l’Europe centrale commencent à se montrer. La neige recouvre le sol en hiver; en été, l’air est toujours vif, la chaleur modérée. L’homme subit l’influence de cette atmosphère fortifiante : autant l’Hindou est indolent, apathique, autant l’Afghan est vigoureux. C’est pourtant la même race ; au climat seul il faut attribuer la transformation des mœurs et des caractères. Les Afghans sont les Assaceni des historiens d’Alexandre. D’origine aryenne comme les Hindous et les Iraniens, ils acceptèrent de bonne heure la religion musulmane. Ils se souviennent que leurs ancêtres sont descendus jadis en vainqueurs dans la vallée du Gange ; ils en sont fiers et gardent avec soin leur indépendance. Il leur est arrivé aussi de s’étendre vers le nord. Au XVIIIe siècle, un de leurs émirs s’empara du territoire compris entre l’Hindou-Kouch et l’Oxus; mais, s’ils conservent encore cette province, ils n’ont pu se l’assimiler entièrement. Quoiqu’elle obéisse toujours au souverain de Caboul, des chefs d’o-

  1. Voyez la Revue du 1er mars.