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complètement. De ces 900 cavaliers allemands, il n’en restait pas 150.

Jusque-là, on n’avait ni reculé ni avancé. Assurément les Prussiens montraient une audace qu’ils auraient pu expier, si le 3e et le 4e corps avaient été sur la ligne de bataille, à Vernéville et à Doncourt, au moment où s’engageait la lutte ; ils auraient pu être culbutés et en partie précipités dans la Moselle avant midi. Malheureusement le 3e corps tardait à se montrer à Vernéville ; le 4e corps, parti le matin de Woippy, à 30 kilomètres de distance, mettait nécessairement encore plus de temps à gagner Doncourt ; les uns et les autres ne pouvaient arriver qu’assez avant dans l’après-midi, lorsque les Prussiens de leur côté avaient pu recevoir des renforts, et à ce moment la bataille se ravivait, s’engageait sur toute la ligne, plus générale, plus violente, plus meurtrière que jamais. Le maréchal Lebœuf, il est vrai, était arrivé peu après midi ; mais on lui avait pris une division, les autres ne le rejoignaient que lentement. Le maréchal Lebœuf n’avait par le fait tout d’abord qu’une division qu’il employait d’ailleurs de son mieux à repousser l’ennemi devant lui en appuyant le 6e corps engagé depuis le matin. Le général de Ladmirault apparaissait un peu plus tard à Doncourt ; il n’avait pas lui-même toutes ses forces, une de ses divisions s’était égarée et ne se retrouva qu’à dix heures du soir. Avec ce qu’il avait, la division Grenier, puis la division de Cissey, le général de Ladmirault se portait au combat avec autant de résolution que d’habileté. Il voyait devant lui les Prussiens débouchant par Mars-la-Tour et couronnant les hauteurs de Tronville au-delà de Mars-la-Tour. Il prenait cette direction, s’avançant sans hésiter, gagnant la ferme de Greyère, au bord d’un ravin qui le séparait des positions allemandes, et, dès qu’il entrait en action, la bataille prenait de ce côté une intensité extrême. Dans ce duel aux mille péripéties, la brigade prussienne de Wedel, qui avait été chargée un instant de tourner les forces du 4e corps, fut culbutée et détruite presque en entier. Les dragons de la garde royale, accourus au secours de cette infanterie, furent eux-mêmes taillés en pièces. L’épisode le plus extraordinaire de cette journée était la charge que le chef du 4e corps organisait vers six heures du soir contre des masses de cavalerie allemande qu’il voyait devant lui. L’ennemi se préparait à fondre sur lui avec vingt-huit ou trente escadrons. A la vue de cet orage qui le menaçait, Ladmirault prenait tout ce qu’il avait sous la main, la division Legrand, la division de Clerembault, que lui prêtait le maréchal Lebœuf, ce qui restait des chasseurs d’Afrique du général Du Barail, la brigade de lanciers et de dragons de la garde qui le matin avait escorté l’empereur et qui se trouvait là. Il y avait onze régimens. Ce fut une gigantesque mêlée de plus de 9,000 cavaliers se heurtant le sabre à la main. Qui fut vainqueur ? Qui fut vaincu ?