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noms modernes servent à désigner les deux grands quartiers des ruines, — Luqsor au sud, avec son temple daté des règnes d’Aménophis III, d’Horus et de Ramsès le Grand, d’où a été enlevé l’obélisque de Paris, — Karnak, avec le hameau de Kafr, au nord, qui forme le plus imposant ensemble de monumens religieux qui soit au monde, assemblage confus d’édifices de tous les temps, depuis l’obélisque d’Hatasou, fille de Toutmès Ier, et la fameuse salle hypostyle de Séti jusqu’au sanctuaire où se lisent les noms de Toutmès III et de Philippe Arrhidée, enfin jusqu’à la grande cour qui porte les cartouches de Ptolémée Philopator. — La ville des morts, sur la rive gauche du fleuve, comprend deux régions distinctes : la nécropole dans le désert, sur les deux versans de la colline libyque, et la région des temples, située dans la plaine. Dans la première région, en partant du nord, on rencontre la Vallée des Rois, aujourd’hui Biban-el-Moluk, où étaient creusées les sépultures royales avec leurs entrées secrètes, dont quelques-unes seulement ont été retrouvées, car nous n’avons pas même le tombeau de Ramsès le Grand. Ce chemin de la mort, aride, sans ombre, sans un brin d’herbe, tout hérissé de débris de rochers, encaissé entre deux contre-forts de la chaîne libyque, conduit aux splendides caveaux de Séti, découverts par Belzoni en 1818, puis à ceux de Séti II et des Ramsès III, IV, VI et VIII ; sur le revers méridional et oriental de la chaîne, qui est littéralement perforé de myriades de trous creusés pour y loger des tombes, on distingue les cimetières de Drah-Abou’l-neggah, de l’Assassif et de Deir-el-Bahari. Dans la région de la vallée sont les quartiers de Qournah avec son temple daté de Séti et de Ramsès II, le Ranesseum, si connu par son temple et par le colosse monolithe de Sésostris, renversé et brisé aujourd’hui ; le Memnonium, qui doit son nom aux deux colosses d’Aménophis III, dont celui du nord nous représente la fameuse statue de Memnon; Deir-el-Medineh avec son petit temple de Ptolémée Philopator; enfin plus au sud encore, Medineh-Tabou, dont les édifices forment un groupe considérable comprenant le temple de Toutmès III, le grand temple et le palais de Ramsès III.

C’est d’abord dans la ville des vivans, à Karnak, que Mariette-Bey ouvrit son premier chantier, dans une des cours intérieures. Il parvint à déblayer entièrement le sanctuaire où avaient été trouvés antérieurement les fragmens du mur numérique, qui sont au Louvre et nous font connaître en partie les tributs payés par les peuples soumis à Toutmès le Grand. Il put compléter ce texte historique et restituer dans leur ensemble les annales militaires de ce règne; il dégagea, dans le même sanctuaire, la liste des 230 peuples vaincus par le même souverain, tant en Asie qu’en Afrique, liste qui nous offre la plus ancienne nomenclature géogra-