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dès le septième numéro; la suite en a été tirée à part et est devenue très rare aujourd’hui. La seconde publication de M. Mariette offre un Choix de monumens et de dessins découverts ou exécutés pendant le déblaiement du Sérapéum (1856); c’est une simple brochure renfermant douze pages de texte et dix planches fort intéressantes, car c’est le seul témoignage qui nous reste de la marche des fouilles et de l’aspect des lieux aujourd’hui disparus sous le sable. Le troisième écrit, Mémoire sur la mère d’Apis, a une tout autre importance : c’est la première révélation qui nous ait été faite d’un des dogmes fondamentaux de la religion égyptienne.

Nous avons déjà reconnu deux époques archéologiques distinctes dans le Sérapéum : la plus ancienne commence à Aménophis III (XVIIe siècle avant Jésus-Christ) et s’arrête à Ramsès II ou Sésostris; la seconde comprend les Apis inhumés entre les règnes de Sésostris et de Psammétichus Ier. Il existe une troisième époque qui s’étend de l’an 53 de ce règne jusqu’au Ier siècle de notre ère. Si les tombes des taureaux sacrés avaient été trouvées intactes, le classement chronologique n’aurait présenté aucune difficulté; mais quatre sépultures seulement étaient vierges. Dans le reste du cimetière régnait un tel désordre qu’il a fallu recueillir avec un soin minutieux tous les indices que le temps avait respectés, s’inspirer de la vue des lieux, tenir compte des divers modes de construction et de décoration, interroger surtout les inscriptions encore en place et rapprocher de celles-ci les monumens de même style épars dans le souterrain, reconstituer enfin, à l’aide de tous ces élémens, la tombe divine telle qu’elle avait existé au temps de sa splendeur. C’est ce travail de synthèse archéologique qui a permis à M. Mariette de retrouver soixante-quatre Apis et de les classer chronologiquement.

Dans la chambre du plus ancien Apis, daté du règne d’ Aménophis III, une peinture représente ce roi accompagné de Toutmès, son fils, et faisant au taureau divin l’offrande de l’encens. La tombe du quatrième Apis dans l’ordre chronologique était inviolée. Le sarcophage était intact, mais les dépouilles du taureau étaient méconnaissables ; il n’y avait aucune trace de bandelettes, ce qui prouve que l’inhumation du dieu ne ressemblait en rien aux autres; la tête avait été détachée du corps, et le fond de la cuve présentait, sur un support, un amas confus de bitume et d’ossemens brisés, le tout amoncelé confusément sous une enveloppe de mousseline. Le septième et le huitième Apis ont été trouvés dans un même caveau; ils appartiennent tous deux au long règne de Ramsès le Grand. C’est la plus belle découverte faite au Sérapéum; c’est la tombe vierge dont nous avons parlé et dans laquelle furent trouvés les bijoux d’or et d’émaux cloisonnés. M. Mariette, en y péné-