Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 2.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion ou en projet feront pénétrer la locomotive jusqu’à Darjeeling, Peshawer et Kurrachee, aux limites extrêmes de l’empire britannique, ou traverseront les provinces de l’intérieur, qui produisent en quantité des marchandises encombrantes telles que la houille et le coton. Jusqu’à ce jour, le charbon de terre consommé dans l’extrême Orient venait presque uniquement d’Angleterre et s’y vendait à un prix excessif; on sait maintenant qu’il existe entre le Gange et le Godavery des terrains houillers de très vaste superficie et de grande épaisseur qui commencent à être exploités avec profit.

Les chemins de fer sont cause que les travaux de routes entrepris par la génération précédente ont été un peu négligés; pourtant ils n’ont pas fait oublier les canaux. Ceux-ci sont plutôt creusés pour l’agriculture que pour la navigation. Bien que les grands fleuves de la péninsule soient abondamment alimentés par la fonte des neiges de l’Himalaya, il existe des districts où la sécheresse est extrême parce que les pluies y sont très rares. La vallée inférieure de l’Indus est aride, de même que la contrée fertile comprise entre le Gange et la Jumna. Les anciens empereurs mongols, avec les ressources imparfaites de leur époque, avaient essayé d’établir des canaux d’irrigation. Cette œuvre utile a été reprise par les Anglais. Le canal qui emprunte les eaux du Gange à Hurdwar, à la sortie des montagnes, et se prolonge jusqu’à Allahabad, mesure plus de 500 kilomètres de long, sans compter d’innombrables embranchemens qui répandent dans toutes les directions leurs eaux bienfaisantes. La province de Madras est sillonnée de canaux qui, dans cette région assez sèche, favorisent la culture du riz, principal aliment des natifs. Des sommes considérables ont été consacrées aux travaux de ce genre par le gouvernement anglo-indien, et, en raison du rôle prépondérant que joue dans le budget l’impôt foncier, ces dépenses ont été un placement avantageux en définitive, en même temps que c’était un bienfait véritable pour les populations exposées à de terribles disettes.

Nous passons rapidement, car il serait vraiment trop long d’énumérer toutes les améliorations que l’administration britannique a terminées ou entreprises[1]. L’essentiel est de bien distinguer quel en est le caractère. Les dynasties hindoues, mongoles et mahométanes dont l’Hindoustan fut tour à tour l’apanage élevèrent à profusion des monumens magnifiques, témoignages splendides de leurs

  1. On trouvera les détails les plus précis sur les chemins de fer, sur les canaux, et en général sur la situation sociale et économique de l’Inde, dans le dernier compte-rendu annuel (Progress and condition of India) présenté au parlement. Ce compte-rendu, dont l’auteur est un géographe distingué, M. Cléments Markham, est accompagné de nombreuses cartes et se distingue avec avantage des publications officielles ordinaires.