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toutes ces boules, qui sont comme des abrégés du monde céleste et peut-être du saint sacrifice ; j’en décrirai deux seulement. L’une est partagée en huit sections égales par des cercles qui se croisent à angle droit ; dans ces huit triangles sphériques, on voit une roue tournante, un disque fulgurant, un croissant avec un soleil et une foudre, de l’eau, un rameau, un autre rameau avec un croissant, une lune et douze soleils. L’autre porte un soleil tournant et rayonnant, deux swastikas, une foudre, la Grande-Ourse et d’autres étoiles. En général, le swastika et les constellations dominent sur ces boules ; une d’elles porte plusieurs fois répété le monogramme de la chouette .

Les parures et les objets de fantaisie ne pouvaient abonder à Hissarlik, parce que la plupart ont été détruits par le feu et par le temps ou emportés par les fuyards. M. Schliemann n’a trouvé en tout que quatre ou cinq têtes humaines, divers ossemens, et une urne funéraire contenant les cendres d’une femme, et au milieu d’elles un embryon de six ou sept mois ; mais outre les deux coiffures d’or dont j’ai parlé le trésor renfermait dans un vase d’argent plus de huit mille perles d’or fondu, de formes variées et percées d’un trou ; en les enfilant. Mme Schliemann en a recomposé de magnifiques colliers. Il y avait aussi huit bracelets d’or ou d’électron, plusieurs pendans d’oreilles à lamelles, également en or, et cinquante-six boucles d’oreilles finement travaillées et généralement en électron.

La collection contient encore un peigne en os pareil aux nôtres, des épingles à cheveux en cuivre, une en argent dont la tête est cannelée, des brosses en terre cuite où il ne manque que le poil, des poignées de sceptre en os ou en corne de cerf, un petit œuf en marbre, un petit poisson en bois durci au feu et parfaitement exécuté, deux hochets d’enfant en terre cuite, des agates-onyx et des cylindres de pierre dure gravés et perforés, des olives et des billes de pierre extrêmement dure et d’un admirable poli. Je ne veux point décrire ces objets ni empiéter inutilement ici sur le livre de M. Schliemann, où ils seront tous énumérés et représentés. Je signalerai seulement un certain nombre de cachets en terre cuite ; ils ne sont pas élégans, et je suppose que les seigneurs du pays en avaient de mieux faits et d’une meilleure matière : tels qu’ils sont, ils représentent en creux le signe de la croix simple, double ou triple, le swastika ou quelque autre figure symbolique du même ordre, mais jamais de lettres ni de visages humains.

Les hommes d’alors écrivaient-ils ? Jusqu’à présent, les fouilles n’ont rien fourni qui ressemble à une écriture aryenne, phénicienne ou égyptienne, rien non plus de cunéiforme. Deux petits vases très grossiers, en terre jaune et grise lissée, ont été trouvés dans la se-