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présentés sur les cylindres et les pierres gravées occupés à ronger l’arbre de vie.

Remarquons encore, parmi les figures les plus caractéristiques gravées sur les fusaïoles troyennes, la croix, la roue et le swastika. La fusaïole est elle-même une roue : elle a un, deux ou trois moyeux, trois, quatre, cinq, six et jusqu’à sept rayons. Quelques-unes sont des roues tournantes, mouvement qui s’exprime par la courbure des rayons divergens ; mais cette roue principale, qui représente soit le soleil, soit le mouvement général du ciel, porte souvent sur son disque d’autres roues simples, rayonnantes ou fulgurantes, ou entourées d’étoiles en nombre défini. Elle porte aussi ces croix simples ou cantonnées de quatre trous ou de quatre clous dont j’ai déjà parlé. L’histoire de ces croix est à faire : M. de Mortillet, dans son livre sur le Signe de la croix, l’a commencée ; mais nous avons maintenant trouvé la croix sur des objets d’origine aryenne depuis les temps préhistoriques jusqu’aux époques les plus avancées du christianisme. Les croix troyennes compteront parmi les plus précieux documens de cette histoire. Il en est de même du swastika. Ce mot, qui est sanscrit, désigne une sorte de croix dont les quatre bras sont coudés, et qui tantôt est simple, tantôt cantonnée de quatre clous. Les archéologues chrétiens, l’ayant trouvée sur une foule de monumens de leur religion et ne voulant pas remonter au-delà de Jésus, se sont obstinés à la dire composée de quatre gamma ; mais le Râmâyana la place sur le navire de Râma, qui ne savait pas le grec ; elle est sur une foule d’édifices bouddhiques : c’est un des signes que les sectateurs de Vishnou se tracent sur le front, comme le faisaient les premiers chrétiens. La croix est partout, et uniquement dans la race âryenne ; c’est le signe âryen par excellence, et la voici sur une infinité de fusaïoles troyennes, combien de siècles avant le Christ, Dieu le sait ! Le nom de ce symbole est swastika ; jusqu’à présent, il n’en a pas d’autre.

Voilà donc les principales figures tracées sur les fusaïoles, où l’on trouve aussi le monogramme de la chouette. Ce sont autant de signes élémentaires qui se combinent entre eux de mille manières, et qui, étudiés avec persévérance, offriront des groupes d’idées et une sorte d’écriture hiéroglyphique. On pourra entreprendre ce beau et difficile travail quand on aura sous les yeux le riche album de M. Schliemann ; ses planches reproduisent en effet presque tous les dessins gravés sur les fusaïoles d’Hissarlik. On y verra aussi des boulettes de terre, pétries à la main et souvent mal modelées : elles sont très cuites et très dures ; presque toutes ont été trouvées à 5 mètres de profondeur, tandis que les fusaïoles se rencontrent dans toutes les couches anciennes. Je ne puis décrire ici