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du nord-est sur une grande largeur et sur une profondeur de 16 mètres. On y rencontra encore successivement le mur de Lysimaque et un ancien mur derrière lequel est un autre mur de soutènement, très mince, incliné vers le dedans de l’acropole et plus ancien que l’autre ; il maintenait un sol artificiel composé de gravier rapporté que la colline n’avait pas fourni, de sorte que sur ce point et dès les temps les plus reculés la citadelle avait éié élargie d’une quarantaine de mètres. Dans cette fouille, M. Schliemann trouva une métope de marbre représentant Phébus radieux conduisant un char à quatre chevaux ; comme l’attelage marche obliquement vers la droite à la façon du soleil, le char et les pieds du dieu sont cachés derrière les chevaux. Ceux-ci rappellent, mais avec plus de légèreté, les chevaux du Parthénon ; le type de Phébus et tout le reste de ce précieux morceau de sculpture indiquent une époque voisine d’Alexandre le Grand. Cette métope, qui est en ce moment à Athènes, provient, selon toute apparence, d’un temple d’Apollon dont les fondations doivent exister sur la citadelle, mais qui n’a pas encore été déblayé.

Les fouilles de 1873 n’ont pas été les moins intéressantes. Commencées au sud-est, elles ont presque aussitôt rencontré un mur d’époque romaine composé de pierres et de colonnes empruntées à un édifice plus ancien, puis le mur de Lysimaque, qui enveloppe ainsi presque entièrement la citadelle antérieure. Après avoir franchi l’enceinte primitive, qui est la continuation de la grande tour et qui délimitait la forteresse au moment de l’incendie, la tranchée a mis au jour les murs extérieurs d’un grand édifice d’époque grecque, que les objets trouvés à l’intérieur ont fait reconnaître pour le temple de Minerve ilienne. Ce lieu sacré n’a pas moins de 90 mètres de longueur. Pour établir le temple, on avait enlevé les couches supérieures de terre, de sorte que les couches anciennes s’y sont retrouvées à une faible profondeur. En les excavant, M. Schliemann a mis au jour, sans compter les menus objets dont je parlerai tout à l’heure, deux maisons dont une était la boutique d’un marchand ou un cellier, car elle contenait rangées en lignes neuf énormes cruches ou tonneaux de terre cuite, ayant servi pour l’huile ou le vin. En creusant toujours dans ces profondeurs du temple, il put constater que là aussi les maisons avaient été bâties les unes au-dessus des autres ; à certains endroits, il y avait jusqu’à quatre maisons superposées. Sur le sol vierge, qui est le rocher, s’élevait une maison à deux étages, plus forte que les autres et qui avait aussi péri dans un incendie. Enfin dans la couche de cendres rouges se trouva l’autel de Minerve sur lequel les hommes qui avaient précédé la colonie grecque offraient des sacrifices, et qui resta enseveli dans les ruines des édifices voisins. Cet autel, qui est encore