saient sur le corps. Pour éviter si mauvaise aventure, ils tenaient leur couteau ouvert à la main et coupaient les rênes afin de maîtriser plus facilement l’élan du cheval. La loi du 29 mars 1832 mit fin à ces collisions déplorables en prescrivant que toute voiture, quelle qu’elle fût, serait visitée aux barrières. La visite n’est pas longue : une interrogation, un coup d’œil, et c’est tout.
Il n’en est pas de même lorsqu’une charrette, un haquet, un fardier, un camion chargé d’objets soumis aux droits veut entrer dans Paris. Le conducteur se rend d’abord à la roulette administrative, et, s’adressant aux employés du contrôle que l’on a surnommés les jaugeurs-mesureurs, il fait la déclaration de son chargement, bois, vin, alcool, plâtre, viande, ardoises ou vitre, peu importe. Les employés vont sur place jauger ou mesurer ; leur déclaration est inscrite sur un registre et reportée sur un bulletin qui est remis au charretier. Celui-ci traverse le vestibule et donne le bulletin à un des écrivains de la recette, qui fait le compte de la somme exigée par les taxes municipales, par les impôts généraux, par les centimes additionnels ; le total est écrit sur un registre, l’introducteur paie, et, en échange de la somme exigée, est muni d’un reçu qui lui sert de décharge. Ce reçu, il le garde, mais il doit remettre au brigadier commandant la roulette active le bulletin libellé par l’agent du contrôle. Le brigadier désigne alors deux préposés, deux hommes du pavé, comme on les nomme, pour visiter la voiture et vérifier le chargement. Si la déclaration est reconnue exacte, le chemin est libre ; si elle est soupçonnée d’être vicieuse, la voiture est déchargée, les sacs, ou les ardoises, ou les vitres, sont comptés ; la viande est pesée, le bois est mesuré, et parfois il y a lieu à procès-verbal. Si la voiture contient des tonneaux de vin, chaque tonneau reçoit un coup de foret, et l’un des préposés goûte le liquide afin de voir s’il ne contient pas plus d’alcool que de raison ; si ce sont des trois-six, on les pèse à l’alcoomètre infaillible de Gay-Lussac. Les opérations de visite sont terminées, la lourde voiture s’ébranle et franchit la barrière. Alors le brigadier jette le bulletin des jaugeurs dans une boîte de fer fermée à clé qui est accrochée à la muraille extérieure de la roulette. Donc la jauge reçoit la déclaration, la recette encaisse la somme due, le pavé vérifie la matière. C’est là un excellent contrôle ; mais il ne suffit pas.
Toutes précautions sont prises cependant ; les employés de la déclaration et ceux de la recette sont dans des pièces isolées, ils ne se communiquent point leurs écritures, qui doivent concorder ; deux préposés désignés au hasard par le brigadier examinent le chargement, le brigadier lui-même y donne le coup d’œil rapide et sûr d’un homme qui, comme on le dit vulgairement, a le compas dans