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suffiraient à la rigueur pour obtenir la valeur de la parallaxe. L’année 1875 nous dira ce que vaut la photographie comme auxiliaire de l’astronomie de précision.

M. Janssen, que l’Académie des Sciences et le Bureau des longitudes avaient chargé d’observer dans l’Inde l’éclipse totale de soleil qui eut lieu en 1868, découvrit à cette occasion que le spectroscope permet d’explorer en dehors des éclipses le contour du soleil et d’y constater des phénomènes qui prouvent l’existence d’une atmosphère d’hydrogène incandescent. C’est cette belle découverte qui lui a ouvert les portes de l’Institut. Le 22 décembre 1870 devait avoir lieu une autre éclipse de soleil, visible en Algérie. M. Janssen, qui se trouvait alors dans Paris assiégé, accepta la mission d’observer cette éclipse. Le vendredi 2 décembre, à six heures du matin, il s’échappa de Paris à bord du ballon le Volta, qui put opérer à onze heures sa descente près de Savenay, à l’embouchure de la Loire. Malheureusement le mauvais temps empêcha l’observation du phénomène à Oran, où s’était rendu l’intrépide astronome. Au mois de décembre 1871, nous le trouvons de nouveau sur la côte de Malabar, à l’occasion d’une nouvelle éclipse, et cette fois son entreprise est couronnée de succès. On voit que l’observateur désigné pour aller à Pékin en 1874 n’en est point à son coup d’essai. La méthode qu’il a imaginée pour explorer le contour du soleil, et qui a déjà été féconde en résultats curieux relatifs à la constitution physique de cet astre, pourra être employée avec avantage pour saisir les approches de Vénus avant même qu’elle n’entame le disque lumineux. C’est du moins ce que pense le père Secchi, le savant directeur de l’observatoire du collége romain, qui a fait lui-même d’intéressantes recherches sur les phénomènes de l’atmosphère solaire, et qui est un des hommes les plus exercés au maniement du spectroscope. En tout cas, il y aura un sérieux intérêt à faire usage du spectroscope pour surveiller le contour solaire aux momens des contacts, afin de s’assurer si l’agitation incessante de l’enveloppe lumineuse du soleil ne produit pas des dénivellations qui accélèrent ou retardent l’entrée et la sortie de la planète. La commission allemande s’attache avec prédilection aux mesures micrométriques des distances de Vénus au centre du disque solaire, que l’on pourra se procurer par l’emploi de l’héliomètre[1] ; mais l’héliomètre est le plus compliqué et le plus délicat de tous les instrumens dont les astronomes font usage, c’est celui qui exige le plus d’expérience et de circonspection, et il ne donnera probablement de bons résultats

  1. L’héliomètre est une lunette dont l’objectif a été coupé en deux ; une vis micrométrique fait mouvoir l’une des deux moitiés. Cet appareil a été inventé par Fraunhofer.