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grands résultats, et l’argent de la France avait fructifié entre les mains du prince.

La réaction qui s’était produite à l’avènement de Louis X contre Philippe le Bel et le fisc royal se produisit également contre Louis XI à l’avènement de Charles VIII. La régente, Anne de Beaujeu, pour concilier au jeune roi la faveur populaire, s’empressa de faire la remise d’un quartier des tailles, avec promesse de dégrèvement dans un avenir prochain, et, comme il était d’usage dans la monarchie d’inaugurer les nouveaux règnes par quelques satisfactions données à l’opinion publique, les états-généraux furent convoqués dans la ville de Tours en 1484. Anne de Beaujeu leur demanda des subsides pour deux ans ; ils les votèrent, plus une somme de 300 000 livres par manière de don ; mais ils rappelèrent les promesses qui avaient été récemment faites, réduisirent la taille au chiffre fixé par les états de 1/139, c’est-à-dire à 1 200 000 livres, et après avoir réclamé d’importantes réformes dans le système financier, entre autres l’abolition des douanes intérieures, ils se séparèrent en déclarant « qu’ils n’entendaient pas que dorénavant on mette sus aucune somme de deniers sans les appeler, et que ce soit de leur vouloir et consentement. » La régente répondit par de vagues promesses ; elle se hâta de lever les subsides, les douanes intérieures ne furent pas abolies, et quelques années s’étaient à peine écoulées que l’expédition d’Italie, entreprise par Charles VIII contre le vœu de la nation, venait de nouveau jeter le désordre dans les finances : pour subvenir aux frais de cette aventure, Charles engagea une partie des biens et des revenus du domaine, et contracta sur sa route, au début même de la campagne, des emprunts onéreux en Savoie, à Milan et à Gênes, car il avait à peine passé les Alpes que déjà la caisse de l’armée était vide. À la fin de son règne, la taille était remontée au même chiffre qu’à la fin du règne de Louis XI, soit 4 700 000 livres. Les autres impôts avaient suivi la même progression, et pour prix de tant de sacrifices il ne restait que des dettes, le souvenir de la stérile victoire de Fornoue et la haine des Italiens « contre les barbares. » Le peuple éclatait en murmures, et Charles VIII à bout de ressources annonçait une grande réforme financière lorsque la mort vint le surprendre à Amboise le 7 avril 1498. Cette réforme fut tentée par son successeur.

Porté par tempérament à une économie sévère, simple dans ses goûts et inclinant plus volontiers vers les classes bourgeoises que vers la haute noblesse, Louis XII, qui avait assisté comme duc d’Or-


    positions plus ou moins hostiles qu’elles pouvaient manifester, en faisant presque partout voter les surtaxes par des états provinciaux ou des assemblées de notables qu’il composait de créatures dévouées.