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LES BUDGETS


DE L’ANCIENNE FRANCE


On l’a dit cent fois, un bon système d’impôts et la sage administration des finances sont le premier élément de la force des états : c’est là une vérité banale, toujours acceptée en théorie et presque toujours méconnue dans la pratique. Au sortir des terribles épreuves que nous venons de subir, il n’est pas sans intérêt de la mettre de nouveau en pleine lumière et de montrer quelles vicissitudes la fortune de la France a traversées depuis le jour où les enfans de la vieille terre gauloise, écrasés par les publicains et le fisc impérial, accueillirent les barbares comme des bienfaiteurs. Chaque période d’économie et d’équilibre durant cette longue suite de siècles correspond à une période de calme, de développement commercial et agricole, d’agrandissement territorial, de prépondérance extérieure ; chaque période de gaspillage et de déficit correspond au contraire à une période de troubles, de désastres et d’affaiblissement. Il suffit pour s’en convaincre de suivre parallèlement les faits de notre histoire financière et ceux de notre histoire politique et militaire. L’abîme des révolutions, plus profond encore que l’abîme des siècles, nous sépare de l’ancienne monarchie. Le problème de la justice distributive, de l’unification et de la péréquation de l’impôt a été résolu par les législateurs de la constituante et de la convention. Les vœux émis depuis le xive siècle par les états-généraux, les états provinciaux, les parlemens, les publicistes, ont été en partie réalisés : l’administration s’est simplifiée et moralisée ; mais il reste encore bien des difficultés à résoudre, et peut-être, en étudiant les solutions diverses qu’elles ont reçues dans le passé, peut-on trouver d’utiles indications pour l’avenir. La formation de notre unité territoriale a été l’objet de nombreuses études ; n’est-il pas juste que la