Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frais de débarquement ni de portefaix, et la somme de 2 dollars 1/2, environ 12 fr. 50 c., que chacun verse une fois pour toutes entre les mains du trésorier du conseil d’émigration, est la seule qu’on leur réclame. C’est une sorte de capitation avec laquelle on couvre toutes les dépenses : la visite de la santé, les frais de médecin, d’hôpital, les honoraires de tous les employés, qui, à Castle-Garden seulement, ne sont pas moins d’une trentaine. Les diverses compagnies de transport par chemins de fer ou par bateaux à vapeur ont là des agens qui fournissent directement aux voyageurs des billets à prix coûtant, sans prélever aucune commission. Les bagages sont pesés avec soin et non plus, comme jadis, par des balances à faux poids ; l’excédant en est taxé à des prix très modérés. Toutes les informations, tous les avis sont en outre gratuitement fournis aux intéressés sur les différentes routes qu’ils peuvent prendre pour se rendre au lieu qu’ils ont choisi comme destination définitive. Quand ils ont à faire un séjour de quelque durée à New-York, ils peuvent laisser en dépôt le bagage dont ils n’ont pas besoin, et ne paient pour cela aucun droit de magasinage. En un mot, leur argent, leurs biens et leur personne sont respectés, et ils n’ont plus affaire à ces ignobles intermédiaires du dehors qui auparavant les volaient sans pudeur. Ceux-ci ont du reste disparu pour toujours devant les vigoureuses et salutaires mesures prises par les commissaires de l’émigration.

À peine arrivé en vue de la pointe de la Quarantaine, qui est à 6 milles de Castle-Garden, sur l’île de Staten, à l’entrée de la baie de New-York, chaque navire qui amène des émigrans est accosté par un officier de la santé. Celui-ci monte à bord, se fait indiquer le chiffre des passagers, des morts, s’il y en a eu durant le voyage, des malades et le genre de leur maladie, examine les conditions du navire sous le rapport de la propreté, reçoit les plaintes des voyageurs, et sur le tout dresse un rapport pour l’agent général inspecteur de Castle-Garden. Il reste à bord pour s’assurer qu’aucune personne étrangère n’y monte. Devant le quai de Castle-Garden, il est relevé par un officier de la police métropolitaine, détaché pour cela, et alors seulement les passagers débarquent. Un inspecteur des douanes, un docteur médecin, sont présens. Les bagages sont ouverts et contrôlés, et chaque immigrant est examiné par le docteur, qui s’assure qu’aucun cas de maladie n’a échappé à la visite de la santé. Les malades sont transportés par un bateau à vapeur spécial à l’hôpital de Ward’s-Island. Les infirmes, aveugles, aliénés, sont également séparés et envoyés à cet hôpital[1]. On procède ensuite

  1. En 1869 ont été admis à l’hôpital et refuge de Ward’s-Island 11 653 immigrans,