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L’ESPAGNE POLITIQUE

QUATRIÈME PARTIE[1].

LES CRISES DE LA RÉPUBLIQUE ESPAGNOLE. — LES CONSTITUTIONNELS ET LES ALPHONSISTES.


I.

Le 23 avril, le 1er  juin et le 8 septembre de cette année sont trois dates marquantes dans l’histoire de la république espagnole. Le 23 avril, elle remporta une éclatante victoire dont les suites ont été funestes. Au commencement de juin, elle fut proclamée par une assemblée unanime comme gouvernement définitif et régulier, et le premier usage qu’elle fit de son pouvoir fut de courir aux abîmes. En septembre, elle se sauva par sa pénitence et son amendement. Les anciens avaient raison de se défier du bonheur, et Némésis, quoi qu’en dise le poète, n’est pas toujours une tardive déesse.

Les sourds désaccords qui travaillaient le gouvernement provisoire portaient la plupart sur les nominations à faire, sur les exclusions à prononcer, sur les changemens dans le personnel. Quelques-uns des ministres, qui préféraient leur clientèle à la république, écoutaient avec trop de complaisance les requêtes des solliciteurs ; ils consentaient à de regrettables destitutions dans le dessein de pourvoir avantageusement les amis de leurs amis, ou de satisfaire un importun qui pouvait devenir dangereux. Les autres, craignant de désorganiser les services publics, tenaient tête aux ambitions effré-

  1. Voyez la Revue du 1er  septembre, du 1er  octobre et du 15 novembre.