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il est le président de la république constitué pour sept ans, destiné à survivre à l’assemblée, investi d’un droit de permanence indiscutable dans la limite de sa durée. Ce n’est pas tout, la première conséquence du vote sur la septennalité a été la reconstitution d’un ministère qui a cessé évidemment d’être le ministère du 25 mai, qui n’est point non plus absolument à la vérité un ministère nouveau, mais qui ne serait rien et n’aurait même pas de raison d’être, s’il ne devait représenter jusqu’à un certain point l’esprit nouveau de cette situation nouvelle.

Ainsi un gouvernement établi dès ce moment pour sept années sous le titre de présidence de la république, un ministère composé des élémens divers de la majorité qui a consacré cette transformation du pouvoir, c’est là ce qu’on peut appeler la question résolue, la crise dénouée. C’est quelque chose, c’est beaucoup même si l’on veut, à la condition cependant qu’on ne se méprenne pas sur le caractère, la portée et les conditions nécessaires d’une création politique qui s’est dégagée presque à l’improviste de la confusion des partis et des opinions. Tout est là désormais.

À vrai dire, lorsque cette idée de la prorogation s’est produite, trois ou quatre politiques, trois ou quatre systèmes se sont trouvés aussitôt en présence dans la lutte qui s’ouvrait, qui venait offrir à tous les partis une occasion de se mesurer, de s’affirmer, d’avouer tout haut leurs vœux et leurs espérances. L’un de ces systèmes était l’appel au peuple qui a eu pour défenseur le plus habile représentant de l’empire, M. Rouher. Celui-là était pour ainsi dire en dehors du débat, il n’admettait la prorogation que par une sorte de déférence pour le maréchal de Mac-Mahon, pour deux ou trois ans tout au plus, le temps de laisser grandir son prince, — comprenant bien qu’une durée plus longue entraînait une diminution graduelle des chances de l’empire. L’appel au peuple ne comptait point assurément sur un succès ; il n’a pas moins rallié au-delà de 80 voix dans une assemblée certes peu favorable à l’empire. C’était plus que ne pouvaient espérer les promoteurs de cette idée, qui après avoir fait leur manifestation se sont en partie abstenus, en partie ralliés à la combinaison qui a définitivement triomphé. À côté de l’appel au peuple, le parti républicain, lui aussi, avait son système, qui était plus simple, d’une réalisation plus facile. Puisqu’on venait d’échouer dans une tentative de restauration monarchique, puisqu’on prétendait fonder une présidence, n’était-il pas tout naturel de commencer par proclamer définitivement la république ? C’est ce qu’ont soutenu avec talent M. Jules Simon, M, Jules Grévy. Le parti républicain était certainement assez logique, il avait seulement peu de chances de réussir dans une assemblée qui peut bien admettre la république de fait, telle qu’elle existe depuis trois ans, mais qui se déciderait difficilement à en arborer le principe. La proclamation définitive de la république n’a même pas