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directeurs et professeurs1 serait plus immédiatement engagée. Ils devraient assister aux examens ; sans intervenir dans les interrogations, ils pourraient, sur l’invitation des juges, fournir des renseignemens au sujet de la méthode qu’ils ont suivie, de la direction qu’ils ont donnée. Une conséquence de cette mesure serait que les jeunes gens dussent se présenter, sauf les cas motivés de dispense, au chef-lieu de la circonscription académique dans laquelle ils ont fait leurs deux dernières années d’études ; on n’irait plus chercher et choisir ses juges aux bouts opposés de la France. Les candidats qui ont intérêt à dissimuler des classes mal faites s’en trouveraient peut-être moins bien ; mais les proviseurs et directeurs qui veulent maintenir le travail dans leurs maisons applaudiraient à cette règle. Deux sessions seraient tenues par an, avec liberté d’ajourner à un an les candidats manifestement trop faibles.

Nos professeurs de faculté, s’ils continuent à être chargés des examens, devraient du moins n’avoir rien à démêler avec les droits financiers auxquels ils donnent lieu. Il est juste sans doute que les facultés les plus occupées par les examens reçoivent une indemnité proportionnée ; mais le ministère, en prenant pour chaque fatuité une moyenne, devrait régler une fois pour toutes l’éventuel, de telle sorte qu’il ne fût point grossi ou diminué en raison des fluctuations du nombre des candidats[1].

L’état a le devoir de veiller à ce que l’égalité soit maintenue entre les diverses facultés pour le niveau des études. Il aurait donc le droit soit de se faire représenter dans les épreuves par un délégué armé du veto suspensif, soit de se faire renvoyer les compositions pour les soumettre à une haute commission littéraire. Moins que partout ailleurs on ne saurait chez nous dénier ce droit à l’état, puisque les diplômes dans notre pays sont délivrés en son nom.

Un défaut grave de notre baccalauréat, c’est que les candidats se présentent généralement trop tôt. Je ne demande pas qu’on élève la limite d’âge minima à dix-huit ans, quelques intelligences naturellement précoces pourraient réclamer contre cette règle ; mais il faudrait au moins que les écoles spéciales cessassent de peser sur le lycée en obligeant les élèves à hâter le commencement ou à brusquer la terminaison de leurs classes. Le baccalauréat marquant le terme des études générales, ce serait aux écoles spéciales de se régler sur lui, — ou faut-il croire qu’elles tiennent seulement au

  1. On sait que sur les 100 francs exigés des candidats au baccalauréat, l’état restitue 50 francs aux candidats éliminés. Les autorités allemandes, en Alsace et en Lorraine, ont conservé ce droit de 100 francs, au moins pour les jeunes gens qui n’ont point fait leurs études dans un établissement à diplôme : ils ont également conservé la restitution de la moitié des droits, mais en faveur des candidats reçus.