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par ces paroles : « malgré l’entente de la Prusse et de l’Autriche au sujet des conférences, l’Autriche et ses alliés ont ordonné des mouvemens de troupes en si grandes masses et en de telles directions que le gouvernement du roi, après avoir demandé en vain la suspension de ces mesures, a été obligé de se mettre aussi sur le pied de guerre. Il a mobilisé l’armée prussienne, et dans l’intérêt particulier de la Prusse et dans l’intérêt général de l’union. A tous les états qui persévérèrent dans l’union, la Prusse, selon le statut du 26 mai 1849, garantit aide et protection par tous les moyens. En revanche, la Prusse compte que ces états, au premier appel, sont prêts à envoyer leurs contingens disponibles avec tout l’équipement de guerre, pour les distribuer dans les différentes parties de l’armée prussienne. »

On devine aisément quelle fut la surprise du collège des princes. Le trouble et les contradictions de la politique prussienne formaient un imbroglio à n’y rien comprendre. Quoi ! l’union était à la fois dissoute et conservée ! Il n’y avait plus l’union et il fallait qu’en vertu de l’union les états, dont les représentans assemblés à Berlin n’avaient plus qu’à se séparer, prissent parti pour la Prusse dans une guerre imminente ! Et qu’était-ce donc que cette guerre ? Une guerre au sujet de laquelle la Prusse n’avait jamais consulté l’union, quand l’union existait. À cette déclaration du ministère prussien, tous les membres du collège des princes répondirent dans le même sens, et leurs observations peuvent se résumer ainsi : « de quoi s’agit-il ? est-ce une nouvelle union que la Prusse veut établir ? Nous n’avons qualité ni pour accepter ta dissolution de l’union restreinte ni pour en conclure une autre. Nous devons en référer à nos gouvernemens, et nous ne pouvons le faire qu’en leur fournissant toutes les pièces. Que le gouvernement du roi veuille donc bien, et dès demain, s’il est possible, nous faire connaître complètement, dans le détail, et sur pièces authentiques (vollständig, genau, und dem Wortlaute nach), ses négociations avec l’Autriche. » Le lendemain, M. de Bülow déclara que le gouvernement prussien ne croyait pas le moment venu de faire cette communication. On eut beau le presser, on ne put rien obtenir. Il était bien clair que l’union restreinte, si languissante depuis Erfurt, avait cessé de vivre.

Pendant ces singuliers épisodes, le prince de Schwarzenberg avançait toujours. Le 15 novembre, on reçut à Berlin sa réponse à la dépêche du 10. Le gouvernement autrichien se montrait satisfait de la dissolution de l’union, il acceptait l’idée des conférences où se traiterait la reconstitution de l’autorité germanique centrale, et, tout en laissant la Prusse le choix de la ville, il indiquait les avantages de Vienne ; mais il persistait à exiger l’évacuation de la Hesse. « Aucune raison, disait-il, ne saurait autoriser la Prusse à