Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

submerger se soucient peu d’un procédé dont ils ne sauraient faire usage. Cependant les vignes cultivées en plaines occupent une assez vaste superficie pour qu’on ne néglige aucun moyen de les conserver. Des ingénieurs des ponts et chaussées font des efforts qu’on applaudit, pour donner au midi de la France de puissans moyens d’irrigation. M. Aristide Dumont a présenté à l’Académie des Sciences le projet de construction d’un canal dérivant du Rhône qui traverserait les départemens de la Drôme, de Vaucluse, du Gard et de l’Hérault, et permettrait, d’après l’estimation de M. Faucon, d’inonder au moins 1,500 hectares de vignes. M. Duponchel voudrait, à l’aide des petites rivières dont le débit est assez considérable en hiver, alimenter des canaux d’irrigation qui baigneraient les terres basses des départemens du Gard, de l’Hérault et de l’Aude. On ne peut trop souhaiter que de semblables travaux s’exécutent ; un profit immédiat d’une importance capitale dédommagerait de la dépense, et vienne le jour où l’inondation ne serait plus nécessaire pour combattre le phylloxère, les canaux ne cesseront pas de rendre des services.


III

Au printemps de l’année 1872, l’attention publique se trouva fortement sollicitée par les plaintes toujours croissantes qui s’élevaient au sujet de la marche rapide du phylloxère. MM. Planchon et Lichtenstein venaient de publier le résumé des notions acquises sur l’insecte malfaisant[1]. M. Riley, l’entomologiste du Missouri, venait de signaler les observations faites en Amérique[2] ; plus que jamais, les personnes clairvoyantes s’attachaient à l’idée de recherches suivies, d’études d’un caractère tout scientifique. On voyait les tentatives empiriques se renouveler en pure perte, les indications de remèdes se multiplier sans profit, et généralement on commençait à craindre que l’appât du prix de 20,000 francs offert par le ministre de l’agriculture ne produisît rien de plus sérieux. L’Académie des Sciences, recevant chaque semaine des communications relatives à la maladie de la vigne, prit la résolution d’examiner avec soin tous les travaux et de s’occuper elle-même de la question qui, à juste titre, inquiète le pays. Une commission spéciale a été nommée[3], et tout de suite un premier plan d’études a été tracé. Avant tout, la commission

  1. Le Phylloxéra. — Faits acquis et Revue bibliographique, Montpellier 1872. — On trouve dans cet opuscule une énumération très complète des écrits relatifs à la maladie de la vigne et au phylloxéra.
  2. Fourth Report as Entomologist to the State of Missouri, 1872. Reproduit dans the American Naturalist, Salem (Massachusetts) 1872.
  3. Cette commission se compose de MM. Dumas, président, Milne Edwards, Duchartre, Emile Blanchard.