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des premiers individus gallicoles, qu’on voit au printemps bientôt en état de pondre, à échappé à toute constatation. En été, les jeunes se répandent sur les feuilles et l’extrémité des pampres, et sous l’influence des piqûres les galles deviennent de plus en plus nombreuses. Là s’arrête l’observation ; on en est réduit à supposer que certains individus, se laissant tomber à terre, adoptent un autre genre de vie et descendent sur les racines, qu’à l’époque de la chute des feuilles les habitans des galles vont chercher un refuge aux mêmes lieux. L’histoire du phylloxère n’est donc pas encore fort avancée, et, lorsqu’on s’inquiète des moyens d’arrêter la propagation de l’être nuisible, l’ignorance paralyse l’effort.


II

Des idées qui ont surgi à l’occasion de la nouvelle maladie de la vigne sont vraiment incroyables. En lisant une multitude d’écrits, on ne peut s’empêcher de déplorer chez la plupart des agronomes l’absence des notions scientifiques les plus élémentaires et les plus utiles en même temps qu’un défaut d’esprit d’observation funeste à tous les intérêts. Investigateur patient des caractères zoologiques et des habitudes du phylloxère, M. Riley trouve amusant de considérer la manière, dont les faits sont souvent interprétés par des personnes n’ayant jamais accordé au sujet dix minutes d’attention. Le savant américain est bien prêt de s’indigner contre les gens qui, sans le moindre examen, jugent que la présence du phylloxère n’a rien de commun avec le dépérissement de la vigne. En effet, pour les uns, c’est le froid ou la sécheresse qui cause tout le mal ; pour d’autres, l’épuisement du sol, la façon dont on taille la vigne, la dégénérescence naturelle de la plante. Que sous leurs yeux le fléau s’étende malgré les circonstances les plus diverses, ils ne resteront pas moins convaincus.

A présent c’est la nocuité de l’insecte que l’on veut contester ; cet insecte est si petit, et d’ailleurs, imagine-t-on, il n’existe que sur la vigne déjà malade par une cause quelconque, il se garderait bien d’attaquer une plante saine et vigoureuse. Une confusion s’est faite au souvenir d’avoir lu, vu peut-être, que certaines espèces ne se rencontrent jamais sur des végétaux en pleine sève. Des larves, il est vrai, qui se logent sous l’écorce et dans l’intérieur des troncs ou des tiges seraient noyées par une sève abondante : aussi les mères prennent soin d’entailler les branches ou les rameaux avant d’opérer le dépôt de leurs œufs ; c’est une des plus jolies manifestations de l’instinct. Il n’y a rien de comparable dans la vie des hémiptères suceurs. Les pucerons, les kermès, enfoncent leur bec dans les tissus de la plante, et tranquillement ils pompent