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pucerons. A un moment de l’année paraissent des femelles et presque certainement aussi des mâles pourvus de quatre ailes ; c’est une autre ressemblance avec les pucerons, mais, de même que les kermès, les phylloxères sont ovipares dans tous les temps. On est en présence d’un nouveau type de famille (famille des phylloxérides) qui n’a point encore été l’objet d’études profondes. L’analogie, ce guide précieux d’ordinaire quand il s’agit de s’assurer des conditions de la vie d’une espèce particulière, ne peut donc que très médiocrement venir en aide aux recherches sur le redoutable insecte de la vigne.

Les phylloxères qu’on trouve sur les racines (phylloxéra vastatrix) sont de petits poux aux yeux des personnes n’ayant qu’une idée très générale des formes les mieux caractérisées dans la classe des insectes. Les nouveau-nés ont le corps ovale et d’une teinte jaune assez claire ; s’il est nécessaire d’être muni d’une bonne loupe pour les bien reconnaître, on les aperçoit néanmoins à la vue simple. Au terme de la croissance, ces insectes ont acquis la longueur d’environ 1 millimètre 1/2 ; plus déprimés, plus oblongs que dans le premier âge, ayant une couleur plus sombre, ils se distinguent encore par des rangées de tubercules sur le dos. Tous les individus présentant ces caractères paraissent être des femelles aptes à la reproduction. La plupart de ces insectes meurent dans un espace de temps qui n’a pas été déterminé, et seuls quelques-uns d’entre eux, — M. Riley, l’entomologiste américain, l’affirme avec toute vraisemblance, — après avoir subi un changement de peau, apparaissent à l’état de nymphes. Le corps est étranglé, des fourreaux d’ailes se font remarquer sur les côtés. Au bout de peu de jours se montrent à la lumière les individus adultes ; ils ont un corps jaunâtre, rembruni sur le milieu du thorax, de gros yeux noirs, de grandes ailes qui croisent sur le dos. L’insecte ailé a été vu en France pour la première fois par M. Planchon au mois d’août 1868. Chaque année depuis cette époque, des phylloxères ailés ont été recueillis, et tous les individus ont paru être des femelles. Cependant, des observateurs américains parlent des deux sexes comme s’ils en avaient une connaissance parfaite, en déclarant que la femelle semble beaucoup plus commune que le mâle. Des recherches déjà longtemps poursuivies devaient faire croire que le phylloxère vit exclusivement sur les racines ; une affection de la vigne jusqu’alors inconnue en France, qu’on vint à observer dans plusieurs endroits, conduisit à présumer que l’insecte malfaisant peut au contraire se développer dans des conditions fort différentes. En effet, le 11 juillet 1869, M, Planchon trouve sur le territoire de Sorgues quatre ceps dont les feuilles sont chargées de petites excroissances à peu près rondes, des galles suivant