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d’un caractère scientifique, utiles peut-être à certains investigateurs, ne déplairont pas sans doute à ceux qu’une curiosité intelligente, entraîne à méditer sur les intérêts de la société.

Parmi les nombreux insectes suceurs ou les hémiptères qui se fixent d’une manière permanente sur les végétaux, on distingue deux types : les pucerons et les kermès ou cochenilles. Les pucerons sont partout, sur les rosiers, les sureaux, les pêchers, les fèves, la foule enfin de nos plantes indigènes. Ailés ou privés d’ailes, ces pucerons ont des antennes assez longues, des tarses ou des pieds formés de deux articles, et vers l’extrémité postérieure du corps deux petits tuyaux servant à l’écoulement d’un liquide sucré. A l’automne, mâles et femelles se rencontrent ; la reproduction s’effectue de la façon ordinaire ; des œufs sont produits. Au printemps, les jeunes éclosent ; tous les individus sont des femelles qui bientôt, sans l’intervention d’aucun mâle, mettent au monde des petits vivans ; ce sont encore uniquement des femelles vivipares. De la sorte, les générations se succèdent avec une étonnante rapidité tant que dure la saison chaude. Chez les kermès et les cochenilles, les représentans des deux sexes diffèrent d’une manière prodigieuse. Les femelles ont des antennes courtes, des tarses faits d’un seul article ; jamais elles n’acquièrent d’ailes, toujours elles sont ovipares, et vierges elles peuvent engendrer, au moins pendant une partie de la saison. Assez agiles au début de la vie, ces insectes en général ne tardent pas à s’immobiliser ; ils se déforment et prennent l’apparence soit d’un globule, soit d’une écaille. Les mâles, d’une incroyable exiguïté de taille à côté des femelles, ne font qu’une courte apparition dans l’année ; ils ont deux ailes et ils portent au bout du ventre deux longs filets. Il y a des kermès ou des cochenilles sur la plupart des végétaux ; plusieurs espèces sont très nuisibles, d’autres se recommandent par des produits de grande valeur : de superbes matières tinctoriales, une laque, une sorte de cire. Rien de plus facile que de voir et d’observer des kermès sans le moindre dérangement ; presque tous les lauriers-roses répandus dans les jardins ou dans les appartemens sont attaqués par un insecte de cette famille (lecanium vitis) ; à la face inférieure des feuilles naissent, vivent et meurent des légions d’individus.

Les caractères zoologiques et le mode de propagation ne permettent d’associer les phylloxères ni avec les pucerons (famille des aphidides), ni avec les kermès (famille des coccides). Plusieurs investigateurs en ont justement fait la remarque : jeunes, les phylloxères ressemblent aux kermès nouveau-nés, ils ont des tarses d’un seul article. Plus tard, une division s’opère, et voilà les mêmes individus ayant les pieds formés de deux articles, comme chez les