Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se réunissent en même temps ? Le Reichstag émettait encore, il y a quelques jours, le vœu que le gouvernement prît des mesures pour éviter cette concomitance. Tout le monde était d’accord sur l’opportunité du souhait, mais aussi sur la difficulté de le réaliser. Dans les petits états comme dans les grands, il y a un temps propice pour la discussion du budget ; puis les parlemens in-12, comme disent les unitaristes, ont à voter depuis la fondation de l’empire quantité de lois nouvelles qu’ils n’acceptent souvent qu’après mûre réflexion : comment les sommer de clore leurs sessions à jour fixe ? Il est vrai que les convenances des états particuliers doivent céder devant celles du parlement central : aussi l’on s’est entendu pour demander au gouvernement de réserver un trimestre déterminé aux délibérations du Reichstag, mais ici se présente encore une difficulté. M. Windthorst prétend que le séjour de Berlin l’hiver sera mortel aux députés du sud ; M. de Bismarck, qui soupire après les ombrages de Varzin, estime que Berlin est très malsain l’été. L’opinion du chancelier a prévalu : l’assemblée a décidé qu’elle désirait être convoquée, autant que possible, au mois d’octobre de chaque année. C’est un vœu qui n’oblige personne, qui n’empêchera pas le gouvernement prussien de réunir encore l’an prochain ses chambres en même temps que le parlement de l’empire. A l’ouverture de la session actuelle, un député s’élevait en termes très vifs contre cet abus. « La conséquence en est, dit-il, que les députés non prussiens sont obligés de sacrifier une partie de leur temps à des intérêts prussiens, c’est-à-dire particularistes… Le mal menace de devenir chronique, et comme le gouvernement prussien, par reconnaissance pour l’empressement avec lequel ses députés ont accepté certaines lois, vient d’augmenter leurs appointemens, la chambre à l’avenir voudra siéger une année tout entière. » Le président Simson releva, comme il convenait, cette injure ; cependant il n’osa point alléguer le moyen qu’on a imaginé pour remédier à l’inconvénient signalé. Le Reichstag est voisin de la chambre des seigneurs et point éloigné de la chambre des députés ; on a établi entre ces trois assemblées une communication télégraphique, de sorte qu’au moment des votes les députés ou les seigneurs sonnent pour appeler leurs collègues du parlement. Il appartenait à la docte Allemagne de trouver cette application de l’électricité au parlementarisme.

On sait que le mandat de député au Reichstag n’est pas rétribué, et c’est encore une cause de cet absentéisme qui sévit sur la malheureuse chambre. M. de Bismarck prétend que des députés qui ne sont pas payés vont plus vite en besogne ; mais l’expérience, a prouvé que les sessions du parlement sont très longues. Le chancelier est