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Cappadoce, on découvre ainsi qu’à Tirynthe, Mycènes, Argos, ces constructions « cyclopéennes. »

Sont-ce des Pélopides, originaires de Lydie ou de Phrygie, qui ont creusé à Mycènes les tombeaux des rois et les trésors souterrains ? Les Achéens ont-ils élevé ces sortes de donjons, où le roi et ses chevaliers se mettaient à l’abri avec leur butin, tandis que le peuple était disséminé dans la campagne ou rassemblé en hameaux ? Certains usages qu’on retrouve en ce pays, par exemple celui de revêtir les murailles de lames et de plaques de métal poli, comme au trésor d’Atrée à Mycènes, sont d’origine assyrienne et peuvent remonter à la dynastie lydienne des Pélopides, Ces plaques étaient attachées au mur par des clous. Le Louvre a reçu de Khorsabad les fragmens d’une frise composée de feuilles de bronze, travaillées au repoussé, où l’un des clous est resté engagé. Mais les rapports d’Argos avec la Lycie remontent plus haut encore, à l’époque des Perséides : c’est au peuple des Lyciens, habile à bâtir et à sculpter, qu’il convient d’attribuer les constructions en bois qui ont partout servi de modèles aux monumens en pierre et en marbre. La colonne qui se dresse entre les deux lions du fameux bas-relief de Mycènes est surmontée d’une rangée de ronds de bois rappelant les toitures des habitations en bois de la vallée du Xanthos. M. Adler, le dernier archéologue qui ait consacré une étude approfondie au bas-relief de Mycènes, a réduit à néant les interprétations sans nombre qu’on a données de cette colonne, dans laquelle les uns ont cru voir une idole primitive d’Apollon ou d’Hermès, les autres un symbole de Mithra, un autel, un pyrée. Cette colonne n’est qu’un motif d’architecture lycienne, symbole, si l’on veut, du palais des Perséides, sur lequel veillent les lions, fidèles gardiens des palais et des trônes dans toute l’Asie.

Ce n’est point là un motif très rare sur les vases peints d’ancienne fabrique. Une poterie de style asiatique, étudiée par Raoul Rochette, montre précisément une colonne entre deux lions, comme à Mycènes. Au village de Kumbet, en Phrygie, le bas-relief du « tombeau de Solon, » où une lionne et un lion passant sont séparés par un vase élégant, présente une sorte de variante de ce type architectural. Ce tombeau n’est pas une œuvre purement indigène comme celui de Midas. Non plus qu’aux tombes royales d’Amasia, où dorment les rois du Pont, on ne retrouve à Kumbet, comme à la belle tombe phrygienne appelée Delikli-tach, « la pierre percée, » le système de chambres funéraires en forme de cheminées ou de puits, qui paraît avoir caractérisé l’ancienne architecture funéraire de la Phrygie. Une dalle recouvrait l’orifice de ces tombes toujours creusées dans le roc, souvent d’accès difficile, comme au tombeau de Midas. Une fausse porte taillée plus bas sur le rocher aplani simulait