Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 107.djvu/866

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'EMPIRE DES TSARS
ET LES RUSSES

III.
LE CLIMAT, LE TEMPERAMENT ET LE CARACTERE NATIONAL. — PAYSAGES ET PORTRAITS.[1].

C’est quelque chose pour avoir d’un peuple une connaissance sérieuse que de connaître la race d’où il est sorti et le pays qu’il habite ; c’est peu, si l’on ne se rend compte de l’influence de l’un sur l’autre, de la nature sur l’homme. De cette réaction et de l’éducation historique ou religieuse résulte le caractère national des peuples, une des choses les plus difficiles, en même temps que les plus importantes à pénétrer, moins encore pour le philosophe que pour l’homme d’état. La politique pour les nations, comme les affaires pour les particuliers, se fait avec le tempérament en même temps qu’avec les intérêts. Cette science du caractère des peuples est une de celles dont la France a eu depuis un siècle le plus à regretter l’absence. C’est ce défaut, bien plus que beaucoup d’autres dont on parle plus souvent, qui, après de beaux succès, a préparé la chute rapide du second comme du premier empire. L’ignorance du caractère des Allemands et des Espagnols sous Napoléon Ier, des Italiens et des Allemands sous Napoléon III, sans compter les méprises sur celui de l’Angleterre et des autres nations, tel a été le principe des faux calculs, de la fausse politique, qui nous ont deux fois conduits à l’invasion et au démembrement. Pour qui veut y réfléchir, là est une des causes premières de nos récens désastres, une des causes permanentes des imprudences, des intempérances de

  1. Voyez la Revue du 15 août et du 15 septembre 1873.