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L’ADMINISTRATION FRANÇAISE
AVANT LA RÉVOLUTION DE 1789

DEUXIEME PARTIE[1].


LES PREMIERES CONQUÊTES DE LA CENTRALISATION.


I.

Quand Louis XII, en quête de moyens pour se procurer de l’argent afin de poursuivre ses guerres en Italie, vendait les offices de finances, quand François Ier en faisait autant pour les offices de judicature, ils sacrifiaient le présent à l’avenir, et, préoccupés de ne pas augmenter dans le moment les impôts, ils tarissaient les sources du revenu public ; mais ils satisfaisaient une classe de la société, celle qui allait devenir le principal nerf du gouvernement. Les bourgeois avaient désormais un moyen facile d’arriver aux fonctions publiques, objet de leurs convoitises. Si les offices rapportaient de moindres profits à raison du prix qu’il les fallait payer, ils valaient certains honneurs, ce que la vanité française prisait plus que l’argent ; ils exemptaient de lourds impôts, de servitudes féodales, assuraient des priviléges qui mettaient les titulaires au-dessus des marchands et du menu peuple, les rendaient justiciables soit seulement de leurs pairs, soit de juridictions plus élevées que celles où comparaissaient le vilain et l’homme de métier. Déjà plusieurs fois et à différentes époques, les offices de justice et de finances avaient été vendus. Le gouvernement tantôt toléra, tantôt interdit cette vé-

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.